L'instance de l'audiovisuel tunisien a vivement critiqué hier une série de nominations sans consultation à la tête de chaînes de radio publiques décidées par le gouvernement dirigé par les islamistes. La Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (HAICA) a appelé dans un communiqué les autorités à «revoir immédiatement les nominations (...) sur la base d'une méthode participative garantissant l'indépendance» des médias. Le gouvernement, dirigé par les islamistes d'Ennahda qui sont régulièrement accusés de vouloir contrôler la ligne éditoriale des médias publics, a annoncé la semaine dernière la nomination de nouvelles directions à la tête de cinq radios. Contrairement aux dispositions prévues dans un décret adopté à la suite de la révolution de 2011, la HAICA a indiqué ne pas avoir été consulté. L'instance a aussi dénoncé les méthodes de Mohamed Meddeb, directeur général de la Radio tunisienne qui regroupe neuf chaînes, l'accusant de «s'ingérer dans le travail rédactionnel». Selon la HAICA, il a notamment ordonné «de ne pas diffuser d'informations susceptibles de troubler l'ordre public et la paix sociale». La Tunisie est plongée depuis un mois dans une profonde crise politique déclenchée par l'assassinat d'un opposant attribué à la mouvance jihadiste. L'opposition organise depuis un mois des manifestations quotidiennes pour arracher la démission du gouvernement. Elle compte multiplier ces actions à partir du 24 août pour une «semaine du départ» dont le but est de faire tomber le cabinet en place pour le remplacer par un gouvernement de salut national apolitique. Ennahda a rejeté les demandes de ses détracteurs et proposé un cabinet de coalition élargie. La HAICA a été mise en place en mai 2013 au terme d'une longue bataille entre le pouvoir et l'opposition et bien que le décret prévoyant sa création a été adopté en novembre 2011.