En fait d'annonce du ministère des Affaires étrangères, il s'agit plutôt d'une note de l'ambassade d'Algérie en France, adressée aux correspondants de la presse algérienne en France et dans laquelle il est reproduit in extenso la déclaration de Mourad Medelci, ministre des AE qui annonce la fin de mission d'ambassadeur à Paris pour Missoum Sbih. Le contenu de cette déclaration vaut le détour et explique, en grande partie, le pourquoi de son envoi à la presse par Sbih ou ses services, la lettre d'envoi ne portant aucune signature, en dehors de l'en-tête et du cachet de l'ambassade. En introduction à la déclaration de Mourad Medelci, ce paragraphe qui officialise pour la première fois, même si tout le monde le sait depuis juin dernier, la fin de mission : «La mission de S .E M. Missoum Sbih en qualité d'ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République algérienne démocratique et populaire auprès de la République française qui arrive normalement à son terme, prendra fin le 30 septembre 2013.» Relevons que l'expéditeur du courrier (l'ambassadeur lui-même ?) annonce qu'il s'agit-là d'une fin de mission qui arrive à son terme «normal». En guise encore d'introduction au contenu de la déclaration de Medelci, l'expéditeur poursuit : «A cette occasion, Mourad Medelci, MAE a rendu un vibrant hommage à l'action diplomatique accomplie par l'ambassadeur d'Algérie en France pendant toute la durée de sa mission.» L'hommage est non seulement qualifié de «vibrant» dans cette introduction, mais, qui plus est, il y est dit qu'il couvre toute la durée de sa mission», soit depuis novembre 2005, huit longues années à la tête de la diplomatie algérienne en France. Lorsque l'on se congratule de cette façon, n'est-on pas un peu indécent ? Ou, tout simplement l'ambassadeur ne tente-t-il pas de faire oublier que depuis que les bruits sur son limogeage ont couru, les critiques sur son action diplomatique ont été très nombreuses et son manque d'action à la tête d'un poste aussi sensible qu'en France où vit la plus grande communauté algérienne à l'étranger est patent. Quant au contenu de la déclaration du MAE, il est effectivement panégyrique : «haute considération pour les tâches que vous avez parfaitement accomplies dans les pays d'accréditation au service de notre patrie». Et Medelci de poursuivre : «En effet, et tout le monde en témoigne, vous n'avez ménagé aucun effort afin de porter tout haut la voix de l'Algérie, défendu ses intérêts supérieurs et de faire connaître toutes ses réalisations accomplies à tous les niveaux, sans oublier votre rôle dans la consolidation des relations bilatérales algéro-françaises, et ce, dans tous les domaines ainsi que la digne représentation des intérêts de notre communauté nationale établie en France. Tout cela n'aurait pu être réalisé sans votre dévouement et votre expertise qui vous sont reconnus». Ainsi s'achèvent les propos de Medelci qui souhaite «un très bon retour au pays» à l'ambassadeur. Une remarque s'impose quant à la forme de cette déclaration. A aucun moment, il n'est précisé s'il s'agit d'un courrier adressé à Sbih ou une déclaration faite sur place à Paris. Sur la forme toujours, mais peut-on distinguer entre fond et forme, le ministre Medelci prend soin d'entrée de jeu, de préciser qu'il s'exprime «en mon nom, au nom du ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, du secrétaire d'Etat chargé de la Communauté nationale à l'étranger, du secrétaire général et de l'ensemble des cadres du ministère». Point de président de la République dont Sbih est de notoriété publique un très proche et qui, en tous cas, lui a offert un poste si convoité et durant tant d'années. Quant au fond, à l'hommage lui-même, si naturellement en ce type d'occasions, les hommages aux partants, notamment aux dégommés, sont toujours des discours diplomatiques, convenus, très enrobés, cette déclaration, est, en la circonstance, très exagérée et pèche justement par sa complaisance. A qui peut-on faire croire que l'action de l'ambassadeur d'Algérie en France durant huit ans a été bénéfique pour le pays ? Aux milliers de nos compatriotes qui souffrent depuis des décennies de l'absence de considération ? A ceux qui, chaque année, réitèrent leurs doléances pour des tarifs moins chers pour leurs retours au pays ? A ceux qui abandonnent leur travail des journées entières pour tenter de régler dans les consulats leurs problèmes administratifs et qui sont reçus comme des serpillières lorsque l'on veut bien les recevoir ? A ceux qui subissent des injustices dans leur travail ou des actes de discrimination de plus en plus nombreux et qui sont superbement ignorés par notre représentation ? Ou encore à tous ceux, qui se sont organisés pour manifester pacifiquement devant l'ambassade pour faire entendre leurs voix et porter leur revendications à l'ambassadeur lui-même mais qui, en guise de réponse, sont repoussés régulièrement par de gros bras assignés depuis des lustres à cette tâche, photographiant à tout-va les manifestants pour immortaliser récalcitrants et rebelles ? Tous ceux-là ne sont pas dupes. Il n'y a en effet que ces malheureuses associations maintenues à coup de subventions pour remplir les bus affrétés pour venir en masse voter à tous les scrutins pour croire que l'action de l'ambassadeur a été «la digne représentation des intérêts de notre communauté nationale en France». De tout cela, notre journal, comme beaucoup d'autres confrères d'ailleurs, rendait régulièrement compte en son temps, sans que cela ne dérange y compris les différents responsables de la communauté qui sont passés par là.