Depuis la reprise du travail, jeudi dernier, les bureaux de poste ne désemplissent pas. La grève de huit jours des postiers a lésé plus d'un, notamment les citoyens détenteurs de compte CCP : fonctionnaires, retraités et étudiants. A peine la grève suspendue que les bureaux de poste sont pris d'assaut. Dès la première heure de leur ouverture, de longues files se forment. Devant les guichets, les clients s'impatientent. Nombre d'entre eux n'ont pas pu toucher leur salaire depuis plus d'une semaine. Hier encore, le bureau de poste de la Place du 1er-Mai à Sidi M'hamed (Alger), regorgeait de monde. «Je suis venue retirer ma maigre retraite. Je n'avais plus de quoi m'acheter ne serait-ce qu'une bouteille d'eau minérale», souligne une vieille dame. Soulagée par la perspective de pouvoir enfin récupérer son argent, elle est évidemment épuisée après plusieurs heures d'attente. «J'attends là depuis 9 heures du matin, il est midi et je ne suis pas encore arrivée au guichet», dit-elle. Les huit jours de grève des postiers ont largement suffi pour que les détenteurs de compte CCP se retrouve sans aucun sou. C'est le cas de Mohamed, fonctionnaire, qui confirme avoir été «pénalisé» durant ces jours de grève. «Ce n'est qu'aujourd'hui que j'ai pu enfin retirer mon argent», dit-il, soulagé. Même scénario au bureau de poste de Hassiba-Ben-Bouali. Un monde fou s'y est entassé depuis la reprise du travail, jeudi dernier. Les guichetiers sont dépassés. Malgré cela, ils n'hésitent pas à faire preuve de dilettantisme. Ce qui ralentit davantage le bon fonctionnement de ce service public. Amina en témoigne. De plus en plus exaspérée, elle dénonce la nonchalance des guichetiers. «Non seulement notre argent a été pris en otage par leur grève, mais en plus, ces guichetiers font la loi. Par exemple, voyez cette guichetière : elle prend son temps, discute avec ses collègues, utilise son portable... Et si on s'avise de la rappeler à l'ordre, en représailles elle va traîner davantage les pieds, fera la sourde oreille», peste Amina.