Le Festival national du théâtre comique de Médéa en est à sa huitième édition. Celle-ci est prévue du 25 septembre au 2 octobre prochain. C'est la maison de la culture Hassan-El-Hassani de Médéa qui abrite la manifestation. A quelques semaines de ce rendez-vous culturel, le public est en droit de s'interroger sur le programme proposé par les organisateurs, les pièces en compétition et les troupes présentes. Le public viendra-t-il pour rire et se divertir, ou alors assister à des représentations qui ne sont pas nécessairement à cataloguer dans le registre comique ? On se souvient que, lors de l'édition précédente, les spectateurs ont eu droit à des comédies qui n'ont rien à voir avec le théâtre comique proprement dit, le genre dramatique ayant eu aussi sa part... Quelle est alors la vocation du Festival national du théâtre comique de Médéa ? Est-ce de promouvoir le seul genre spécifié par son appellation, c'est-à-dire le comique ? Ou bien son champ, plus large, lui permet-il d'englober d'autres thématiques et de s'étendre à différents registres de la comédie ? En l'absence de débats constructifs et d'orientations claires à ce sujet, la huitième édition ne risque pas d'apporter des réponses à ces questions. Pourtant, lors de la cérémonie de clôture du festival de 2012, le jury avait estimé qu'il fallait changer la vocation initiale de l'événement, de consacrer la comédie plutôt que le comique. Pour le professeur Ahmed Hamoumi, président du jury et par ailleurs spécialiste en sociologie du théâtre, cette sorte de reconversion aurait pour avantage d'élever le niveau de participation et la qualité des pièces en compétition, tout en assurant la pérennité et la crédibilité du festival. Et cela, en partant du constat que les troupes participantes tendent à s'éloigner de la thématique originelle, en plus de proposer des œuvres théâtrales d'un niveau tout juste moyen ou faible. Ahmed Hamoumi impute cet état de fait à la régression de la production théâtrale dans le genre comique. Nous sommes effectivement très loin de la grande époque du théâtre comique algérien ; alors que la relève, aujourd'hui, ressemble à l'Arlésienne. Résultat, n'importe quelle troupe et avec une pièce jugée plus ou moins convaincante (même si elle traite de questions existentielles), peut prétendre à la Grappe d'or, la plus haute distinction du festival. Le professeur Ahmed Hamoumi a ainsi préconisé fort justement de dédier dorénavant le festival de Médéa à la comédie tout court. Pareille option a l'avantage de multiplier les formes d'expression théâtrale, le comique y compris, celui-ci (le genre comique) étant malheureusement très peu coté chez les auteurs algériens. Dédié au grand dramaturge Abdelkader Alloula, le prochain festival de Médéa organisera des journées d'étude autour du thème générique «Le texte et la représentation dans l'expérience théâtrale de Abdelkader Alloula». Egalement au programme, les quatre ateliers d'initiation à l'interprétation, la réalisation, la scénographie et l'écriture dramatique. La troupe de Chlef, avec sa pièce Les invités du sénateur, aura l'honneur de donner la première représentation. Pour rappel, cette troupe avait décroché le Grand Prix du Festival national du théâtre professionnel en 2012. Il y aura donc du «sérieux», peut-être du lourd... Sauf que, comme disait Léautaud, «il y a le vrai théâtre, l'étude des mœurs, la peinture des caractères, la satire des tares et des travers humains, ce grand théâtre comique». Ce théâtre-là ne risque pas d'être présent, ou alors seulement chez les nostalgiques de l'âge d'or. De ce qui fut...