L'ONU a appelé hier le secrétaire d'Etat américain John Kerry et son homologue russe Sergueï Lavrov à faire pression sur Damas pour qu'une mission d'enquête sur les violations des droits de l'Homme puisse entrer en Syrie. MM. Kerry et Lavrov sont à Genève pour discuter des moyens de neutraliser et détruire l'arsenal chimique de la Syrie, afin d'éviter des frappes militaires américaines. Mais les deux hauts responsables devraient aussi profiter de l'occasion pour aider une équipe d'enquêteurs internationaux à entrer dans le pays, a déclaré le président du Conseil des droits de l'Homme de l'ONU Remigiusz Henczel. «Le Conseil des droits de l'Homme a appelé de manière répétée les autorités syriennes à permettre à la commission d'enquête de travailler dans le pays», a-t-il écrit dans une lettre adressée à MM. Kerry et Lavrov. Mais, a-t-il déploré, «ces appels sont restés sans réponse». «Je saisis donc l'occasion de votre réunion ce jour pour suggérer que cette importante question soit étudiée », a dit M. Henczel. La commission de quatre membres, dirigée par le Brésilien Paulo Sergio Pinheiro et comprenant l'ancienne procureure chargée de poursuivre les crimes de guerre Carla del Ponte, était «disponible si les circonstances l'exigeaient », a-t-il souligné. La Commission, établie peu après le début du conflit en mars 2011, a affirmé dans un rapport publié cette semaine que les forces loyales au régime de Bachar al-Assad comme les rebelles commettaient de nombreux crimes contre l'humanité et crimes de guerre. Dans un additif publié hier, les enquêteurs ont affirmé que les hôpitaux, le personnel médical et les ambulances étaient pris délibéremment pour cibles. Ils ont aussi dénoncé «le refus de soin médical comme arme de guerre». Les forces gouvernementales, ont-ils dit, «ont adopté une politique de refus de soin aux personnes venant des zones contrôlées par l'opposition». Sans avoir accès au pays, les enquêteurs de l'ONU ont interrogé quelque 2 000 personnes dans les pays voisins ou par téléphone ou Skype.