L'idée de la création d'un marché de gros d'envergure nationale s'est imposée par le développement intensif et extensif de la production agricole qu'a connu la wilaya de Aïn Defla depuis le début des années 1980. L'idée s'est imposée aussi par la nécessité de faire face aux perturbations du marché, des tensions sur différents produits voire même des ruptures d'approvisionnement de certaines régions, ruptures récurrentes ici et là affectant le pouvoir d'achat des consommateurs d'une part et mettant même en difficultés les producteurs eux-mêmes selon les périodes. Un marché devenu frileux et d'une intense sensibilité aux moindres aléas. C'est pour remédier à ces perturbations qui ne sont pas sans conséquences sur l'économie nationale que l'idée a fait son chemin à savoir : créer des structures et des systèmes de régulation. C'est dès le début des années 2000 que des voix se sont élevées dans le monde agricole réclamant la création d'un marché de gros pour stabiliser les fréquentes turbulences dans le secteur des approvisionnements et mettre à l'abri l'agriculteur, l'agriculture et les consommateurs, de ces turbulences, de mettre fin à la «navigation à vue», par l'adoption d'une feuille de route avec des orientations précises relatives aux plans de cultures. Ce marché, dans la wilaya de Aïn Defla devait être réalisé dans la daïra d'El Abadia. On avait justifié alors, le choix de cette localité par le fait que les productions céréalières, maraîchères, la pomme de terre, et la tomate de Soug Lethnine étaient très importantes. Cependant à l'époque on ne pensait pas à l'intégration de ce marché dans un système de commercialisation à l'échelle nationale. Le projet n'ayant pas mûri avait été remisé dans les tiroirs de l'administration. Le même projet avait été remis sur la table en 2010 et le chef de l'exécutif de la wilaya en place de l'époque voulait à tout prix l'imposer cette fois-là au lieudit «Bouzaher» (sortie ouest de Aïn Defla) malgré les avis contraires de certains élus de l'APW qui trouvaient que l'endroit était inapproprié et ne répondait pas à des critères objectifs. Tous se souvient de la réponse du responsable, qui fut pour le moins menaçante et avait jeté un froid dans l'assemblée réunie en session pleinière. «Je le construirai à Bouzaher et quiconque s'y opposera je le briserai, et pour ce faire je dispose de militaires», avait été sa réponse à ses contradicteurs. Cette année, la donne a changé et un consensus s'est dégagé pour la construction de ce marché de gros ni à El Abadia, ni à Bouzaher mais à Bourached au sud-ouest du chef-lieu de wilaya. L'endroit se trouvant à proximité de l'autoroute, après étude, s'est révélé répondre au mieux aux paramètres requis. Le terrain choisi, à quelques encablures au nord du chef-lieu de la commune de Bourached s'étend sur 12,19 ha. Ce méga-projet a été présenté, jeudi dernier, dans la Bibliothèque communale, par le bureau d'études sélectionné, à tous les responsables des différents secteurs impliqués dans cette réalisation. La Direction du commerce est la plus concernée. Il faut dire que la wilaya de Aïn Defla dont la vocation agricole est avérée, produit quelque 1,6 million de quintaux de produits maraîchers dont 80 % de pommes de terre de consommation et de semences, le tout sur une superficie de 16 000 ha. Le financement de ce projet est assuré par la société MAGROS, créée en 2010, qui débloque une enveloppe qui dépasse les 200 milliards de centimes. Avec ses 135 «carreaux» répartis sur 3 secteurs d'une superficie globale de 13 462 m2, selon la maquette présentée par le bureau d'études, c'est un marché unique en son genre, jamais réalisé en Algérie qui n'aura rien à envier aux grands marchés de gros des grandes capitales étrangères et ce, de par ses composantes structurelles, sa configuration, son mode de fonctionnement, la qualité des services qu'il offrira, ses facilités d'accès, ses voies de communications, son motel, ses restaurants, sa mosquée, sa salle d'exposition, cafétéria et sanitaires, administration et bureau de sécurité. Il s'agit d'un ensemble intégré et appelé à s'intégrer dans un réseau de distribution de commercialisation, national puisqu'il fait partie d'un groupe de 8 marchés à l'échelle nationale, nous a confié M. Adjabi Kada, directeur du commerce. La réalisation de quatre d'entre-eux va débuter dans les mois à venir, indique-t-on. Il s'agit, en plus de celui de Bourached, de trois autres qui vont être implantés à Sétif, Mascara et Guelma, dans une première étape. Dans une seconde étape, quatre autres marchés de gros seront réalisés à Biskra, Aïn Oussera, Mila (Oued Athmania) et Ouargla. La mission principale, selon les promoteurs de ces marchés est de réguler le commerce des produits agricoles, d'harmoniser la circulation des produits agricoles d'une région à une autre, de maintenir l'équilibre entre l'offre et la demande, seul moyen de réguler les prix à la consommation et à la production.