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«Musique berbère et d'ailleurs» à Paris 
Une graine qui germe
Publié dans Le Soir d'Algérie le 28 - 09 - 2013

Ce weekend, le Parc floral de Paris abritera le premier Festival international de musique berbère et d'ailleurs (Fimba). Un festival qui ambitionne de donner plus de visibilité à une chanson qui a déjà démontré sa capacité à intégrer l'universel. Des chants berbères venus des pays d'Afrique du Nord vont résonner samedi 28 et dimanche 29 septembre dans l'un des plus agréables des cadres parisiens. Une trentaine d'artistes représentatifs de la chanson de Tamazgha vont enchanter ce lieu saisissant de beauté. «Chanson berbère et d'ailleurs», parce que dans l'esprit des organisateurs, il n'y a aucune tentation d'enfermement, bien au contraire, la volonté de découvrir et de se laisser découvrir est hautement affirmée.
L'initiative de ce festival revient au groupe média BRTV, dont Mohamed Sadi, son président, est loin d'être à son coup d'essai en matière d'organisation d'évènements culturels. Outre le Salon du livre amazigh, qui a bouclé cette année sa quatrième édition, il faut signaler à son actif l'organisation de la première édition du Festival international du film berbère. Un dynamisme qui ne laisse pas indifférent. Il suscite respect chez certains, interrogations et parfois suspicion chez d'autres. La conférence de presse organisée mardi 24 septembre par Mohamed Sadi, le chanteur kabyle Idir et l'artiste rifain Khalid Izri a été l'occasion d'aborder des aspects liés à cette première édition du Fimba, d'autres ce qui se rapporte à la revendication amazighe (identitaire, culturelle, linguistique...) et enfin des aspects liés à la visibilité de plus en plus grande du groupe média BRTV.
La fierté d'être soi
Les conférenciers sont partis du rôle joué par l'émergence de la chanson moderne kabyle dans les années 1970, pour souligner un fait important à leurs yeux, le phénomène resurgit à une échelle plus grande. Cette fois, sur un espace qui va des îles Canaries à l'oasis de Siwa, des côtes de la Méditerranée aux profondeurs sahéliennes qui atteignent le lointain Burkina Faso. Une grande étendue : Tamazgha. La chanson moderne kabyle a longtemps porté les attentes de toute une jeunesse attachée à la langue et la culture amazighes. Par-delà le mépris que lui avaient opposé les Etats nord-africains, cette chanson a accédé à des consécrations internationales, ce qui emplissait les poitrines de cette jeunesse d'une légitime fierté d'«être». Une expérience qui a montré que se ressourcer au plus profond de soi permettait de s'ouvrir et d'aller vers l'autre. Le témoignage d'Idir, l'auteur de Vava inouva, a une forte résonance : «Je ne pouvais ni comprendre ni me résoudre à ce que ma mère, qui a souffert dans le combat pour la libération, dépendait de mon intermédiation pour comprendre l'actualité de son pays et de son Etat. Ce déni m'était incompréhensible et insupportable.»
L'amazighité à vif
Et aujourd'hui, qu'en est-il ? Il semble bien que la musique et la chanson continuent d'être un fort vecteur de manifestation de la quête identitaire amazighe. Idir parle d'un fait amazigh décomplexé. «Chacun vient de sa particularité pour alimenter cette diversité qu'est l'unité amazighe.» Khalid Izri souligne que nous assistons à un basculement du fait amazigh. «Aujourd'hui, il est une transcendance des frontières. Les différences qui marquent nos peuples sont celles qu'on retrouve dans une famille et qui singularisent les membres de la fratrie.» Tamazgha est dévoilée par les conférenciers comme un continuum segmenté, certes, mais pas fragmenté. Un vieux rêve serait-il en train de renaître ? Une unité nord-africaine qui ne ferait pas fi de la diversité et des différences ? C'est loin d'être un pari de fou. Il n'y a qu'à regarder ces traits communs qui rejaillissent des manifestations de Libye, du Maroc, d'Algérie, avec un emblème fédérateur, un signe de ralliement forgé dans les luttes, bleu (Méditerranée), vert (bande littorale) et jaune (Sahara et Sahel), frappé d'un Z amazigh, rouge. Pour Idir, cette unité nord-africaine, cette unité amazighe, «est masquée par les frontières établies par un dominateur que nous n'avons pas convié chez-nous» et de renchérir que l'héritage colonial français a été récupéré par nos pouvoirs nationaux qui l'ont, non seulement endossé mais l'ont consolidé par l'imposition de l'arabisme «une langue idéologique niveleuse et uniformisatrice». Mohamed Sadi parlera longuement de la fierté d'être Algérien, tout en soulignant que cela va encore avec la douleur de l'amazighité déniée et marginalisée. «Je conçois qu'il faille se battre pour ses conceptions économiques, politiques, pour les questions liées à la gestion de la cité. Mais je ne peux concevoir qu'il faille lutter, encore, pour être nous-mêmes ! Notre être ‘‘devrait aller de soi''».
Une diaspora qui peut faire plus
A la différence des années 1970, aujourd'hui, une nombreuse diaspora amazighophone est implantée dans les pays de l'hémisphère nord. Elle donne à la culture et à la langue amazighes des points d'appui et d'ancrage supplémentaires. Tamazight est désormais une langue de France, de Belgique du Canada ou des Etats-Unis d'Amérique. Des locuteurs amazighs citoyens de ces nations accèdent au droit de promouvoir leur langue. Alors qu'en Afrique du Nord, tamazight continue de subir un ostracisme plus ou moins accentué, ailleurs, elle accède à de nouveaux espaces. «Comment comprendre que des groupes internationaux, Microsoft, Facebook, et d'autres, intègrent à leurs systèmes la langue amazighe, alors que ses Etats lui refusent les moyens de son développement, lui dénient tout statut national ou institutionnel.» En France, elle est la seconde langue parlée après la langue française. Cela est pris en compte par les pouvoirs publics français. Dans les pays d'Afrique du Nord, quand elle est reconnue langue nationale, on refuse de l'instituer langue nationale. Cette nouvelle donne diasporique ne joue pas encore suffisamment, mais les conférenciers y voient l'un des leviers qui vont permettre des avancées à l'avenir.
Le rôle singulier de BRTV
Présent sur de nombreux évènements culturels, et le plus souvent en tant qu'initiateur, le groupe de Mohamed Sadi ne s'est pas attiré que des félicitations. «Pourquoi cette omniprésence évènementielle de BRTV ? Ne serait-elle pas une (vorace) stratégie lucrative ?» Des questions directes auxquelles s'ajoutent des interrogations sur l'existence ou pas d'accointances politiques. La réponse s'est faite en deux temps. D'abord sur l'aspect lucratif. Le président du groupe, avec une certaine subtilité, a suggéré de rapporter le poids économique du groupe médias à sa propre profondeur financière personnelle. La réussite de cet homme d'affaires, qui a pignon sur rue sur la plus grande avenue parisienne, est publiquement connue. «BRTV n'a jamais sollicité de subventions d'aucun Etat. Kadhafi avait souhaité entrer en contact avec BRTV, nous avions décliné l'invitation...». Le second volet est celui de l'initiative, et la réponse a fait l'unanimité parmi les conférenciers : «Ce qui est à déplorer ce n'est pas qu'un groupe média prenne sur lui ce type d'initiatives, mais que, de façon regrettable, le nombre et la diversité des initiatives soit encore en deçà des attentes et des exigences». Pour l'aspect politique, la volonté d'ouverture du groupe, sa détermination à traduire la pluralité qui marque nos sociétés et la diversité d'opinions qui la traversent ont été avancées comme réponse. Le groupe média BRTV semble porté par la lame de fond qui se manifeste en Tamazgha, de Djebel Nefoussa aux régions du Rif, en passant par les Aurès, le M'zab et la Kabylie. Elle va même plus loin, puisque des projets de productions amazighes sont à l'étude avec une chaîne de télévision du Niger. Comme quoi, la profondeur sahélienne n'est pas en reste.
Une ambition assumée
La première édition du Fimba ne s'est pas encore déroulée que la seconde est déjà annoncée. «Elle sera plus représentative de ce qu'est la musique amazighe», y prendront part, et cette fois sur trois jours, d'autres artistes qui cette fois, faute de temps, n'ont pas pu se joindre à la manifestation. Les cultures, les langues et les patrimoines d'Afrique du Nord ont tout à gagner à ce qu'une émulation s'installe dans le domaine de la production et de la promotion culturelle.
Tous ceux qui ont à cœur de faire vivre les constituants de nos identités, et d'abord son substrat commun amazigh, ne peuvent que saluer les initiatives déjà engagées et appeler à d'autres, encore plus ambitieuses. Alors bon vent à la première et à la deuxième édition du Fimba et vivement d'autres initiatives.


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