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L'entretien de la semaine Bouafia-Guermeche Nawal, pédagogue au centre psychopédagogique d'EL-Alia, Filfila (Skikda) au soirmagazine :
«On ne forge pas une élite en recourant à la violence»
Nous assistons ces dernières années à une recrudescence de maltraitances verbales et corporelles des élèves subies de leur enseignants. Les parents ne réagissent pas ou rarement par peur des représailles, et les professeurs font fi des lois qui pourtant les interdisent. Bouafia Guermeche Nawel, pédagogue nous apporte son éclairage. Par Zaïd Zoheir Soirmagazine : Parmi les scolarisés, les écoliers sont généralement, du fait de leur jeune âge, les plus touchés par les châtiments corporels, comment expliquez-vous ces comportements qui frisent parfois l'inhumain ? Bouafia Guermeche Nawal : Bien sûr que c'est inhumain. Les enseignants et instituteurs, par cet acte, contribuent, inconsciemment, à précipiter la déchéance du secteur scolaire à travers la déperdition dont les conséquences sont plus que néfastes sur les plans social et économique. Pour des raisons évidentes et pour ne pas faire dans l'alarmisme, on ne dispose pas de chiffres illustrant la maltraitance des enfants en milieu scolaire. Comment peut-on expliquer ce mutisme ? En effet, taire ces comportements n'est pas la meilleure solution. Quelque part, on cautionne l'acte, et on en devient complice. Par conséquent, cela ne fait que compliquer davantage la situation. D'ailleurs, cela n'est que l'aveu et la cause des déperditions scolaires directement liées à ces agissements qui ne peuvent être tolérés. Le hic dans tout cela, c'est la passivité des parents, qu'ils soient constitués en association ou non. Ceux-ci justifient cette maltraitance par une soi-disant correction positive ne visant que l'intérêt pédagogique de l'élève ? Trouvez-vous ce raisonnement logique ? La correction pédagogique, comme on veut l'appeler, n'est qu'une passerelle assurée à la haine que va vouer l'élève à l'école et à la scolarité. Le recul de l'assimilation qu'on constate de jour en jour est aussi sûrement dû à cela, d'où l'urgence de mettre un terme à ces comportements qui brisent l'élève et annihilent toute volonté à l'apprentissage. Un enfant battu devant ses camarades, humilié, ne peut que cultiver de la rancœur envers son maître, et par voie de conséquence, envers l'école. On a vu des élèves doués qui ont abandonné leurs études de cette manière. Pour l'exemple, à Skikda, aucune plainte n'a été déposée auprès des services de police et de gendarmerie durant l'année en cours et celle écoulée, et ce, bien que des cas de «correction scolaire» nous soient rapportés. Comment expliquez-vous cette attitude ? On peut expliquer l'attitude parentale par le sort que peut réserver à leur progéniture l'acte de déposer plainte. Dans les régions déshéritées, généralement conservatrices, le fait de traîner le nom d'un enfant dans un commissariat ou dans un commissariat de gendarmerie est synonyme de frustration et surtout d'avenir noir pour la victime. Outre cela, l'absence d'une preuve ou d'une pièce à conviction pouvant confondre l'instituteur fait que se rapprocher des services de sécurité devient l'action à éviter absolument. Des psychologues, on en trouve dans les campus, mais rarement dans les établissements scolaires. Est-ce normal ? Ma réponse sera encore brève : cela dénote, ni plus ni moins, du peu de considération accordée au psychologue à ce stade des études. Un dernier mot... La correction pédagogique doit être bannie du comportement scolaire du corps pédagogique. Le raisonnement de ce dernier est motivé par un postulat faux au départ : «on doit éduquer l'enfant car ce dernier, venant de chez lui, n'a pas reçu l'éducation nécessaire ou du moins la ‘bonne' éducation. En conclusion, on ne forge pas une élite en recourant à la violence». n