De notre envoyé spécial à Ouagadougou, Mohamed Bouchama Les Algériens qui avaient, pour beaucoup d'entre eux, quitté le pays des hommes intègres dans la soirée du samedi semblaient groggy. Leur sérénité n'était pas tout à fait ébranlée malgré une défaite amère. Défaits mais pas abattus. Pour nombre d'entre ces Algériens qui ont effectué le voyage, l'échec de ce samedi 12 octobre est «un mal pour un bien».Si la déception des centaines de fans algériens était contenue par le comportement de seigneurs des Burkinabés, pas provocateurs pour une livre, mais aussi l'espoir de voir les Verts renverser la vapeur dans un mois, celle des joueurs et des membres de la délégation algérienne rencontrés au niveau de l'aérogare de Ouaga-Tamseê respirait la colère envers un trio arbitral qui a pesé de tout son poids sur l'issue de ce match promis à Feghouli et ses compagnons. Carl Medjani était l'un des plus affectés des éléments de l'équipe. «L'arbitre a tué le match», a noté le sociétaire de l'Olympiakos Le Pirée, parmi les rares satisfactions durant cette première manche. Captain Bougherra, lui, n'arrivait plus à ruminer sa rage. Celui qui quittait le stade presque en pleurs, sera vite consolé par le président de la FAF qui eut cette fine réplique : «Rira bien qui rira le dernier». Le membre de l'exécutif de la CAF cachait mal son désappointement de la manière avec laquelle le Onze national a perdu. «On ne méritait pas de perdre », a-t-il lâché devant le parterre d'envoyés spéciaux de la presse nationale. Avant de rassurer son monde de la faisabilité de la qualification au Mondial-2014. «Ce résultat nous permet de garder intactes nos chances surtout que le match retour se jouera chez nous et devant notre public. On a tous les atouts pour y accéder au tournoi du Brésil. A nous joueurs de faire le nécessaire pour réaliser cet objectif. Je pense que le plus important est de savoir gérer la manche retour.» Halilhodzic, inconsolable, boude Il n'y a pas que les médias qui ont subi les contrecoups de la défection du coach algérien à la traditionnelle conférence de presse d'après-match. Le Bosnien a tout simplement eu une crise de nerfs. Inconsolable, il a refusé d'aller à la rencontre des journalistes avant de s'enfermer dans un mutisme envers ses joueurs et collaborateurs. Ce qui en dit long sur son état psychologique suite à cette défaite, la quatrième en matches officiels depuis sa prise de fonctions de l'EN en septembre 2011. Le Bosnien qui garde en mémoire son passage victorieux à Ouagadougou face au Burkina Faso, quand il entraînait les Eléphants de la Côte d'Ivoire (2-3) n'arrivait pas à digérer cette nouvelle contreperformance. Halilhodzic a fait preuve d'une extrême excitation lors des 99 minutes de cette empoignade face aux Burkinabés. Ses «contacts» avec le quatrième arbitre, de même que le second assistant de Sikazwe ont retenu l'attention des présents au stade du 4-Août. A telle enseigne que le sélectionneur des Verts a perdu sa «feuille de route» dans la gestion du match. Pour preuve, les changements tardifs opérés au sein de l'équipe. La sortie de Yebda et de Taïder, hors du coup physiquement pour le premier et par trop individualiste pour le second, est intervenue durant les 20 dernières minutes. Le Rennais Kadir n'a, pour sa part, été incorporé qu'à la troisième minute du temps additionnel. Pendant les quatre minutes qu'il a disputées, l'ancien attaquant marseillais a eu deux opportunités pour rétablir la marque. Des choix discutables La nervosité de Halilhodzic durant ce rendez-vous crucial ne serait pas étrangère à la désillusion algérienne en cette première manche du tour des barrages au Mondial-2014. L'entraîneur national semblait globalement mal inspiré avant d'aborder cette échéance fatidique. Depuis le match amical face à la Guinée (2-2) à Blida, l'ancien Parisien entré dans une guerre sans merci avec ses détracteurs, ceux qui lui reprochent ses choix hasardeux sur le plan tactique et celui des hommes appelés à l'appliquer. Lors de cette confrontation face aux vice-champions d'Afrique, le sélectionneur des Verts a pris tout le monde à contre-pied en alignant d'entrée le milieu de terrain de Grenade, Yebda. Une option qui a eu ses bons côtés puisque l'ancien Napolitain a réussi à rivaliser avec les Burkinabés dans le volet des duels mais également ses mauvaises facettes à l'instar de cette mauvaise synchronisation entre lui et le milieu de terrain de l'Inter, Saphir Taïder. Les observateurs estiment, à cet effet, que si le Milanais a raté son match, c'est à cause du positionnement figé de Yebda. Cela nous ramène à rappeler que la coordination dans l'enjeu des Verts a toujours connu des approximations. Rappelons-nous les débuts de Guedioura aux côtés de Lacen et ceux de ce dernier derrière...Yebda. Le facteur temps est-il le seul motif à donner à cette tare qui a coûté le second but aux Algériens suite à une hésitation de Yebda profitable à Djakaradja ? Probablement. Une chose est certaine : Halilhodzic devrait à nouveau revoir sa copie lors de la joute du 19 novembre prochain à Blida. Privé de Guedioura (suspendu), le Bosnien aura besoin et de Lacen et de Yebda associés pour la dernière fois lors du match amical face à la Tunisie, le 12 novembre 2011 à Blida. Avec, comme seconde courroie de transmission, Khaled Lemouchia dont la dernière sélection remonte à la rencontre Algérie-Côte d'Ivoire, en janvier dernier, en phase finale de la CAN-2013. Seuls Soudani, Mostefa et Bougherra ... Sur les onze éléments incorporés d'emblée par Halilhodzic, huit, en l'occurrence M'Bolhi, Mesbah, Belkalem, Taïder, Yebda, Feghouli, Slimani et Medjani affichent des statistiques effarantes en terme de temps de jeu au sein de leurs clubs. Ce qui donne une idée sur le désarroi du technicien bosnien au moment d'établir sa liste des 36 puis celle des 26, à emmener au Burkina Faso puis les 23 joueurs à cocher sur la feuille du match. Excepté l'attaquant Soudani et les défenseurs Mostefa et Bougherra, titulaires indiscutables au sein de leurs clubs respectifs, lesquels évoluent dans des championnats de seconde zone, ainsi que les locaux (les trois gardiens Doukha, Si-Mohamed et Zemmamouche et les deux défenseurs Khoualed et Rial qui cumulent un temps de jeu appréciable en clubs mais dont le vécu chez les Verts est insignifiant, le reste des troupes accusent un grave préjudice sur le plan compétitif. Ce «bilan négatif» fait que Halilhodzic est traversé par de continuelles appréhensions qui limitent son champ d'intervention. A son arrivée à la barre technique de l'EN algérienne, il avait clairement signifié que son principal souci était de fixer la liste élargie de la composante des Verts à une trentaine de joueurs, pas de faire du scouting le long des stages et à chaque échéance internationale. M. B. Déclarations à chaud Noureddine Korichi (Entraîneur adjoint de l'EN) : «Nos joueurs étaient héroïques» «Nos joueurs ont été héroïques, ils ne méritaient pas du coup de perdre de cette manière, car n'était l'arbitrage, on aurait pu aspirer revenir au moins avec un nul. Le penalty bloqué par M'Bolhi en fin de première mi-temps a boosté les joueurs, même s'ils auraient pu éviter le premier but par la suite. A présent, on se doit de bien se préparer pour le match retour. On attend le 19 novembre prochain (date du match retour, ndlr) avec impatience.» Madjid Bougherra : «Nos chances sont intactes» «On a perdu dans des conditions très difficiles. L'ambiance était vraiment tendue, malgré cela, on a bien tenu le coup, bien qu'on ne mérite pas de perdre. Cela dit, rien n'est encore joué, car il reste encore un deuxième (match) chez nous. Vu le score réalisé dans cette rencontre, on peut dire que nos chances sont intactes dans la qualification.» Foued Kadir : «On ne mérite pas de perdre» «Je suis vraiment déçu d'avoir raté une belle opportunité pour égaliser, mais c'est ça le football. Certes, on ne mérite pas de perdre, mais je crois que le score n'est pas alarmant. On a les capacités de surmonter cette courte défaite, survenue de surcroît dans des conditions difficiles.» Djamel Mesbah : «On a bien tenu le coup» «J'estime qu'on a bien joué, tout en réussissant de marquer deux buts qui auront leur pesant d'or dans la qualification. Malgré l'arbitrage catastrophique, on a bien tenu le coup. Les deux buts marqués vont nous mettre davantage en confiance en vue du match retour.» Saphir Taider : «A Blida, ce sera une autre paire de manches» «Après cette rencontre, on croit de plus en plus à la qualification. On a démontré qu'on une bonne équipe capable de faire face à toutes les situations. La match retour sera une autre paire de manches.» Hilal Soudani : «La chaleur nous a pénalisés» «Il régnait une grande chaleur. Les joueurs sont à féliciter pour leur courage. Nous avons perdu sur des erreurs flagrantes de l'arbitrage. On a livré un grand match surtout qu'on a inscrit deux buts. Le peuple algérien attend de nous une qualification historique. Nous avons des solutions pour remplacer les joueurs qui seront absents.» Belkalem et Guedioura ont reçu leur second avertissement Nos British suspendus au retour Le défenseur algérien de Watford, Essaïd Belkalem et le milieu de terrain de Crystal Palace, Adlène Guedioura, soit les deux «Anglais» de l'EN, qui faisaient partie des huit joueurs de l'équipe menacés par un second carton privatif à la participation au match du 19 novembre prochain, ont reçu, hier à Ouagadougou, leur seconde biscotte synonyme de suspension au rendez-vous de Blida. Leur déception était grande à la fin du match. L'ancien défenseur des «Canaris», auteur d'un sans-faute, samedi, a fait savoir que son absence boostera l'équipe algérienne à redoubler d'efforts pour assurer la qualification au Mondial. «L'arbitre me ciblait dès les premiers contacts. J'étais certain qu'il me cherchait. Il avait comme consigne de siffler à chacune de mes interventions. Après le premier carton, qui me privera du match retour, j'étais comme perdu sur le terrain. Seulement quand tu as à tes côtés quelqu'un comme Bougherra, tu es sûr de pouvoir réussir dans le match. Malheureusement, au moment où on avait l'emprise sur les débats, l'arbitre assistant signala une main de ma part dans la surface de vérité. Je ressentais une profonde injustice car, croyez-moi, je n'ai pas touché le cuir de la main», dira l'enfant de Mekla qui espère que celui qui le remplacera à Blida, le 19 novembre prochain, saura neutraliser les vifs attaquants burkinabés «pour offrir de nouvelles joies au peuple», a-t-il conclu.