L'ancien ministre du Commerce et des Finances, Abdelkrim Harchaoui, s'est rendu l'auteur d'une bien singulière interrogation en cherchant après la classe politique dans le pays. Mohamed Kebci - Alger (Le Soir) «A-t-on une classe politique?, s'est-il, en effet, interrogé, hier lors d'une journée d'étude, organisée par le groupe parlementaire de son parti, le RND, autour du projet de loi de finances 2014. Et d'enfoncer un peu plus son «clou» en invitant cette même classe politique, supposée pourtant ne pas exister, selon lui, et dont fait partie son propre parti, à un «discours sérieux» et à faire preuve de «morale politique dans son analyse politique». Une interrogation et une invitation justifiées par le lien que certains s'échinent à trouver entre la présidentielle d'avril prochain qui éclipse presque entièrement le projet de loi de finances 2014. Et de plaider pour une «solidarité tripartite» gouvernement-patronat-partenaires sociaux avec «des objectifs bien précis dans le seul intérêt national» comme cela est de rigueur dans des pays «sérieux» quand la menace se fait sérieuse et imminente. Dans son long exposé à forte consonance pédagogique, Harchaoui invitera les députés de toutes les obédiences à être de cette journée d'étude, à avoir en tête et à garder dans leur esprit certaines règles universelles. Dont, notamment, l'article 121 de la Constitution qui interdit à quiconque de toucher à toute loi de finances une fois celle-ci passée en Conseil des ministres. «Si quelqu'un propose d'augmenter des dépenses ou de baisser les impôts, qu'il avance au préalable des alternatives car on ne doit pas attenter à l'équilibre budgétaire», dira-t-il, non sans exhorter nos honorables parlementaires à avoir une lecture politique de toute loi, de finances soit-elle, car il s'agit, expliquera-t-il, de «contrôler la destination de budgets colossaux mobilisés et l'action de l'Etat. Une loi de finances, c'est une partie de l'avenir du pays qui est en jeu et dont on décide», ajoutera-t-il. «La loi de finances relève d'un projet d'un gouvernement issu d'une majorité, d'un choix politique de la majorité qui s'impose à l'opposition qui se doit d'assurer l'équilibre et la stabilité budgétaires à long terme». Harchaoui, qui truffera son intervention d'une foultitude de chiffres dans lesquels «on se perd» de son propre aveu, osera bien d'autres questions auxquelles, précisera-t-il, «nous avons l'obligation de répondre». Les réformes de l'école ont-elles donné les résultats escomptés au vu des innombrables infrastructures éducatives et universitaires bâties ces dernières années ? La qualité des soins a-t-elle évolué ? Qu'en est-il de la qualité de l'enseignement supérieur, à même de permettre une intégration rapide de nos diplômés dans le monde du travail ? Autant de questionnements et bien d‘autres qui posent la problématique de l'efficacité des politiques publiques dans tous les secteurs de l'activité nationale. Ce qui relève des missions des parlementaires qui doivent s'outiller et s'armer pour ce faire. L'ancien ministre du Commerce et des Finances parlera de la nécessité de doter notre Parlement d'un institut de contrôle à l'image de celui existant aux Etats-Unis.