La renationalisation du complexe d'El-Hadjar et la signature conjointe de l'employeur et du partenaire social d'un pacte de stabilité sociale d'une durée de quatre ans n'ont pas empêché les perturbations de se poursuivre au sein de l'un des plus importants sites industriels du pays. Avec un plan de développement de plus d'un milliard de dollars, étalé sur quatre années (2013-2017), consenti par l'Etat qui venait ainsi au secours d'une filiale d'un groupe étranger battant de l'aile et proche de la faillite, il était dit que les choses allaient se stabiliser pour laisser place à un contexte serein permettant un redémarrage des installations rénovées. Avant même le redémarrage du haut fourneau n°2, à l'arrêt pour deux mois, les perturbations n'ont pas tardé. Cela a commencé quelques jours après la visite au complexe d'El-Hadjar du ministre du Développement industriel et du SG de la Centrale syndicale UGTA pour marquer le retour de l'usine et des mines de fer de l'Ouenza et Boukhadra dans le giron de l'Etat. Jeudi 17 octobre, c'est l'éviction du SG du syndicat de l'entreprise, Daoud Kechichi, et des autres membres du bureau, remplacés, séance tenante au local du collège syndical, par de nouveaux membres qui ont élu un nouveau SG, en la personne de Azzedine Seghir. C'est le retour au conflit syndico-syndical dont les ficelles, selon d'anciens syndicalistes, sont tirées par des représentants locaux de la Centrale syndicale. Dans une lettre adressée au Premier ministre, Kechichi met en cause nommément Tayeb Hmarnia, SG de l'union de wilaya UGTA, et Aïssa Menadi, installé par ce dernier à la tête de l'union locale de Sidi Amar, dont dépend organiquement le complexe d'El-Hadjar. Plus grave, il les qualifie de «mafia cherchant à se sucrer sur le dos des travailleurs, notamment après la décision gouvernementale d'investir dans le complexe un milliard de dollars». Pour accélérer le changement syndical, l'union de wilaya avait adressé un courrier à la DG lui demandant de ne plus reconnaître le bureau syndical du clan de Daoud Kechichi. Celui-là même qu'elle a désigné quelque trois mois auparavant à ce poste en remplacement de Tahar Chaouch, évincé, alors qu'il a été élu d'une manière légale. S'estimant lésé, Daoud Kechichi a ameuté ses soutiens au sein de l'usine. Ils se sont introduits de force pour occuper le siège du syndicat, installant aussi des tentes pour empêcher tout changement. Tout comme ils ont déposé une plainte contre les deux représentants locaux de la Centrale syndicale. Le tribunal d'El-Hadjar territorialement compétent a fixé au 6 novembre prochain, le traitement de cette plainte pour laquelle sont convoquées les trois parties (Kechichi, Hmarnia et Menadi). Pendant ce temps, un autre changement est intervenu, en milieu de semaine. Celui-là a concerné le retour de Vincent le Gouic à la tête de la direction générale d'ArcelorMittal Algérie, en remplacement de Joe Kazadi, appelé à d'autres fonctions au sein du groupe du Luxembourg. Dans un communiqué de la DG, il est précisé que ce changement entre dans le cadre de «la mise en œuvre de l'accord stratégique entre ArcelorMittal et Sider et intervient à un moment où l'entreprise s'apprête à lancer son programme d'investissement pour hisser le complexe à un niveau de classe internationale et mieux répondre à la demande locale croissante en produits sidérurgiques».