Deux ans après la chute du régime Kadhafi, la Libye est plus que jamais en proie à une instabilité qui menace non seulement la pérennité de l'Etat mais également la stabilité de toute la région. Nawal Imès - Alger (Le Soir) L'Algérie, qui partage des milliers de kilomètres avec son voisin libyen, suit avec grande attention les événements qui s'y déroulent et les informations qui en émanent sont loin d'être de nature à rassurer. Signe de l'instabilité qui mine le pays, des partisans du fédéralisme annonçaient, ce jeudi, la formation d'un gouvernement local à Benghazi. En plus d'un «cabinet» formé de 24 ministres, ce «gouvernement» évoque la création d'une «force de défense de la Cyrénaïque» qui fonctionnerait selon le modèle des milices. Une initiative qui ne plaide nullement pour un retour à la normale dans un pays où règne le chaos depuis plus de deux années et où les armes circulent librement. Pas plus tard que la semaine dernière, c'est le Premier ministre en personne qui faisait l'objet d'un enlèvement. Un épisode qui démontre si besoin est l'absence totale d'un Etat fort, structuré et en mesure de faire front contre les périls de tous genres. Mieux encore, ce même Etat fragilisé rappelle l'essentiel de ses troupes aux frontières pour renforcer la sécurité dans une capitale en proie à l'anarchie et délègue la sécurité des frontières à des milices. Une décision lourde de conséquences sur les pays voisins dont l'Algérie qui, face aux barons des trafics de tout genre et des groupes terroristes, se retrouve seule au front. Des sources sécuritaires faisaient état, en fin de semaine, de la découverte d'un arsenal de guerre dans la région d'Illizi. Une centaine de missiles anti-aériens ainsi que plusieurs centaines de roquettes anti-hélicoptères, de mines terrestres et de grenades ont été ainsi récupérées et ce n'est pas la première fois que les forces de sécurité font ce type de découverte dans une zone frontalière où les trafics de tous types sont légion. L'inquiétude de la partie algérienne est justifiée par la nature même des milices. Formées au lendemain de la chute du régime Kadhafi après l'effondrement des institutions, ces milices, souvent des ex-rebelles, ont puisé dans l'arsenal militaire et se sont vite substituées à la police et à l'armée régulière. Certaines se sont regroupées sur des bases idéologiques comme c'est le cas d'Ansar al-Chariaa alors que d'autres se sont regroupées sur des bases purement tribales, comme c'est le cas à Zenten et Misrata. Très lourdement armées et officiellement rattachées au ministère de l'Intérieur, ces milices agissent comme des électrons libres et n'obéissent à aucune autre logique que celle des intérêts purement tribaux. Le Premier ministre libyen n'a eu d'autre choix que de reconnaître que la Libye nageait à «contre-courant», affirmant que «plusieurs forces entravent la construction de l'organe sécuritaire de l'Etat». Les pays voisins, dont l'Algérie, sont donc avertis...