La journée d'étude sur l'emploi organisée, hier, à l'APN par le groupe parlementaire de l'Alliance de l'Algérie verte a donné lieu à des critiques sur les dangers que peut représenter l'interventionnisme de l'Etat. Tarek Hafid - Alger (Le Soir) - Le marché de l'emploi est géré artificiellement par les pouvoirs publics grâce à la rente. Une gestion «sociale» que plusieurs experts ont dénoncée, hier, lors d'une journée d'étude parlementaire organisée par le groupe de l'Alliance de l'Algérie verte. «En Algérie, les marchés de l'emploi et de l'immobilier sont les plus compliqués à comprendre. J'ai récemment participé à une rencontre internationale sur la question de l'intervention de l'Etat dans le marché de l'emploi au niveau de la région MENA. Il s'avère que l'Algérie est le pays de la région qui est le plus engagé en la matière», a expliqué Abderahmane Benkhalfa, ancien délégué général de l'Association professionnelle des banques et des établissements financiers (Abef). Selon lui, cette politique a eu des effets positifs puisque de nombreux jeunes ont pu décrocher un premier emploi. «Les pouvoirs publics doivent prendre des distances car ce soutien à l'emploi aura des conséquences négatives sur les caisses de l'Etat», a prévenu Abderahmane Benkhalfa. Selon lui, il est aujourd'hui nécessaire de faire la différence entre emploi et employabilité. «Les autorités doivent mettre en place des mécanismes en terme d'employabilité. C'est à ce niveau qu'elles doivent agir. Prenons l'exemple du BTPH où la demande en main-d'œuvre est très importante. Les Algériens n'ont pas été formés à ces métiers, ils n'ont pas les aptitudes requises, d'où le recours aux travailleurs étrangers. Mais la question de l'employabilité est intiment liée à la politique de l'enseignement. Il faut aller vers un enseignement de qualité, plutôt que quantitatif, en privilégiant la formation professionnelle.» Pour sa part, le professeur Abderahmane Toumi a souligné que l'essentiel des emplois sont créés par le secteur public. Une situation totalement contraire à la tendance mondiale qui veut que ce soit le secteur privé qui soit pourvoyeur d'emplois. Il citera à ce titre le cas de la Chine, où les entreprises privées sont devenues, en l'espace d'une quinzaine d'années, les principaux employeurs du pays. De son côté, le président du groupe parlementaire de l'Alliance de l'Algérie verte s'est étonné du fait que les données positives affichées par le gouvernement en terme de chômage et d'emploi n'aient pas impact sur le taux de croissance. Un fait qui impose, d'après lui, une révision urgente de la politique de soutien mise en œuvre par l'Etat.