La diplomatie réactive, de peu de portée, connue sous le magistère de Mourad Medelci, trouve-t-elle un substitut plus actif et percutant avec la promotion et la désignation au poste de Ramtane Lamamra ? Au plan du style, du moins, l'évolution est notable. L'efficacité ? Il faudra peut-être juger sur pièce. Sofiane Aït Iflis - Alger (Le Soir) La toute récente tournée de Lamamra dans les trois pays du Sahel, la Mauritanie, le Niger et le Mali, ponctuée par des entretiens au sommet, dénote un effort de recentrage diplomatique, après les déambulations diffuses de son prédécesseur qui, il faut le dire, avait lamentablement manqué d'anticipation dans une région où tout s'accélérait. Diplomate de métier, Lamamra sait que la prépondérance diplomatique passe nécessairement par d'abord l'ancrage régional. Et dans une région comme le Sahel, creuset d'interférences et d'intérêts divers, rien n'est définitivement acquis. La géographie faisant que les défis soient communs, il allait de fait que cet espace-là concentre l'effort diplomatique. D'autant que des pays comme le Mali, le Niger, voire aussi la Mauritanie ne cachent pas qu'ils attendent beaucoup de leur voisin. Aussi la tournée de Lamamra a été appréciée par les dirigeants des pays visités. «La géographie a fait de nous des voisins, mais l'histoire a fait de nous plus que des voisins. Nous sommes deux pays étroitement liés et il est important qu'avec les changements intervenus dans notre sous-région, que nous puissions amorcer un processus de mise en œuvre de nos évaluations et des approches que nous développons ensemble», a déclaré le ministre malien de la Défense et des Anciens combattants, Soumeylou Maiga. Le même sentiment a prévalu chez les dirigeants nigérien et mauritanien. Donc, rien qu'en variant son style, en s'y rendant disponible pour l'effort, ce qui constitue le rudiment de base de l'action diplomatique, Ramtane Lamamra remet sur les rails la coopération régionale, restée jusque-là au stade des intentions exprimées. Même si avec le Mali, confronté qu'il était à une terrible crise d'autorité, aggravée par une sécurité délétère, la coopération, notamment militaire, n'a jamais été démentie. De l'avis même des Maliens, l'Algérie a beaucoup fait pour que le Mali réduise de la menace terroriste et retrouve sa cohésion territoriale. Ce qui a manqué à Medelci c'était d'entreprendre des initiatives les plus à même d'éviter que cette entente ne s'enlise avec la précipitation des événements. L'ancien ministre des Affaires étrangères se contentait de participer aux forums et conférences régionales qui se tenaient dans les pays du Sahel, s'abstenant inexplicablement de se rendre à des entreprises bilatérales. Au point d'ailleurs qu'il ne s'est pas rendu au Mali où, pourtant, toute une mission diplomatique était captive d'un groupe terroriste. A la décharge de Medelci, il faudra signaler que les positionnements de Bouteflika par rapport aux événements et crises qui ont secoué la région n'étaient pas pour affranchir la diplomatie de l'hésitation. Lamamra semble vouloir corriger les ratés et rattraper le temps perdu. Sera-t-il endurant ?