L'Algérie, qui a eu à souffrir de la solitude diplomatique durant les années de braise, se repositionne graduellement sur l'échiquier nord-africain. Elle se retrouve, par la contrainte du voisinage, propulsée au rang de partenaire incontournable des stratégies sécuritaires au niveau de la région. Sofiane Aït Iflis - Alger (Le Soir) Plus franchement, l'Algérie s'associe à l'effort sécuritaire consenti par les pays voisins que sont la Tunisie et la Libye. Des pays qui font l'expérience démocratique, douloureusement, faut-il le dire, tant est que l'islamisme, dans ses deux versions soft et radicale, s'est engouffré dans les brèches ouvertes par les révoltes ayant soldé les comptes avec les anciennes dictatures. Avant la célébration de la fête de l'Aïd, les Premiers ministres libyen et tunisien ont accouru vers Alger pour conclure des accords de coopération sécuritaire renforcée. Les Libyens, comme les Tunisiens, qui mesurent la gravité de la menace terroriste, se tournent vers l'Algérie, l'acteur régional qu'ils jugent le plus à même de concourir à leur éviter de sombrer dans le pire. Parce que l'Algérie a eu à combattre, seule, le phénomène durant de longues années, et donc disposant d'assez d'expérience pratique en la matière mais aussi parce qu'elle partage avec eux de vastes frontières. Le second fait l'implique forcément, étant donné la nature transnationale du terrorisme. La sollicitude libyenne et tunisienne intervient alors que l'Algérie s'était bien gardée d'appuyer les révoltes dans ces pays. Une attitude qui, au demeurant, a failli provoquer des embrouilles diplomatiques, notamment avec les Libyens qui percevaient la position algérienne à l'époque comme un appui au régime de Kadhafi. Confrontées à la réalité du terrorisme, la Libye et la Tunisie se sont rendues à l'évidence qu'elles ne peuvent se sortir de l'impasse sécuritaire sans l'appui de l'Algérie. Du coup, cette dernière se voit conviée à jouer le rôle pivot dans les stratégies sécuritaires régionales. Et immanquablement, elle engrange de supplémentaires bonus diplomatiques, lesquels combleraient ainsi le déficit que lui a occasionné sa neutralité observée au moment où se jouait le sort des dictatures de Ben Ali et de Kadhafi. L'impact diplomatique de la coopération sécuritaire avec les deux voisins de l'Est est plus prépondérant que l'implication dans le fameux Cimoc, mis en place pour une synergie sécuritaire dans la sous-région du Sahel. Le mécanisme a manqué de portée, après la sous-traitance accordée à la France pour résoudre militairement la crise malienne. L'intervention française au Mali a fait perdre au Cimoc, à la mise en place duquel l'Algérie a grandement contribué, l'occasion de tester ses capacités opérationnelles réelles. Aussi moindres étaient les retombées diplomatiques de cette coopération sécuritaire avec les pays de la sous-région du Sahel, réduite à l'échange d'informations et à des veilles aux frontières. En tout cas moins appréciables que celles qu'aurait générées la mise en action du Cimoc, puisque, de par son expérience dans la lutte contre le terrorisme, l'Algérie se destinait forcément au rôle le plus important. Un rôle qu'elle récupère avec la sollicitude venue de l'Est.