Le nouveau ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a reconnu, mardi, sur les ondes de la Radio Chaîne III, que la relation entre l'Algérie et le Maroc n'est pas normale, sans être, cependant, excessivement tendue. Sofiane Aït Iflis - Alger (Le Soir) C'est incontestablement à une franchise que se rend Ramtane Lamamra en affirmant que la relation entre Alger et Rabat «n'est pas normale». C'est, en somme, un secret de Polichinelle mais qui, jusque-là, a manqué de faire l'objet d'une affirmation officielle. L'aveu est donc là, même si Lamamra a joué de finesse diplomatique pour atténuer un peu de la résonance de sa déclaration. «Les relations ne sont pas excessivement tendues», a-t-il de suite enchaîné, notant au passage «les accès de fièvre dans les médias et, malheureusement, parfois dans les déclarations officielles». Le ministre des Affaires étrangères a saisi l'occasion pour appeler à de la retenue. «Nous pensons que la retenue est extraordinairement importante lorsqu'il s'agit de deux pays frères et voisins dont l'histoire n'a pas été un long fleuve tranquille», a-t-il souligné, poursuivant : «Cette retenue et cette sagesse constituent le minimum que nous puissions assurer pour aller de l'avant et avoir des relations normales, sinon privilégiées.» Une normalisation qui, visiblement, a besoin de temps, puisque rien de nouveau, pour le moment, dans le dossier des frontières fermées depuis 1994. Ramtane Lamamra a réitéré que l'ouverture des frontières n'est toujours pas à l'ordre du jour à Alger. «Les raisons à l'origine de la fermeture des frontières n'ont pas encore été réglées.» Mais, comme son prédécesseur, il n'a pas fermé la porte devant la réouverture ultérieurement des frontières : «Les frontières n'ont pas vocation à rester fermées.» Les événements du monde arabe nous ont donné raison Le ministre des Affaires étrangères a soutenu, par ailleurs, que l'Algérie a été clairvoyante dans sa position vis-à-vis des situations qui ont secoué le monde arabe. Prenant acte de l'instabilité sur laquelle a débouché le printemps arabe, Lamamra a affirmé que celle-ci justifie, a posteriori, la prudence algérienne. «Les événements nous ont donné raison ; je dirais, les événements nous ont malheureusement donné raison.» Le ministre des Affaires étrangères a réitéré ce qu'il avait affirmé la veille, lors de la conférence avec son collègue de la communication, à savoir que l'Algérie «est devenue un exportateur de stabilité». Ce rôle n'est pas allé toutefois, a-t-il affirmé, jusqu'à se rendre médiateur dans la crise tunisienne actuelle. Lamamra a préféré évoquer des conseils sollicités auprès du Président Bouteflika et non de médiation à proprement parler. Dans le dossier syrien, le ministre des Affaires étrangères dira que le gouvernement syrien a compris qu'il est dans l'intérêt du pays de prendre des engagements internationaux. Il a noté que la destruction des armes chimiques a commencé, ce qui renseigne sur la diligence de l'organisation pour interdire les armes chimiques et une coopération remarquable des autorités syriennes. Lamamra, qui souhaite la tenue de la conférence de Genève 2, a émis le vœu de voir la Ligue arabe s'investir avec détermination pour être partie prenante dans la solution à la crise syrienne. Abordant la question du Sahel, le ministre a affirmé que la situation est préoccupante mais pas alarmante. Selon lui, le terrorisme n'a pas pu prévaloir et l'unité nationale est sauve. Lamamra a informé, en outre, que les autorités algériennes prennent en charge le dossier des prisonniers algériens en Irak.