Les quelques partis politiques qui ont appelé, jusqu'à présent, Abdelaziz Bouteflika à se présenter une quatrième fois, revendiquent l'exclusivité de la candidature du président sortant. Tarek Hafid - Alger (Le Soir) A qui «appartient» Abdelaziz Bouteflika ? Difficile de répondre à cette question tant elle oppose les quelques formations politiques qui l'ont appelé à briguer un quatrième mandat. Logiquement, l'exclusivité devrait revenir au Front de libération nationale, son parti d'origine dont il est d'ailleurs le président d'honneur. La première initiative de Amar Saïdani, dès son parachutage au sommet du FLN, a été d'exhorter Abdelaziz Bouteflika à se porter candidat. Saïdani n'a ménagé aucun effort. Il a multiplié les initiatives au sein de son parti et dans les médias. Samedi, il a réuni les 54 mouhafedhs pour leur faire signer une motion de soutien au président de la République. Sauf que ces actions sont dénoncées par ses opposants. A commencer par Abdelkrim Abada et Abderrahmane Belayat qui lui ont récemment rappelé que la question de la participation du parti à l'élection présidentielle est du ressort exclusif du Comité central. Pour ces deux cadres, sur le plan organique, les initiatives de Saïdani sont frappées de nullité. Mais voilà, le zèle du secrétaire général gêne également en dehors du FLN. Le Rassemblement national démocratique souhaite, lui aussi, donner l'impression de jouer un rôle capital dans le processus de passage de Bouteflika du troisième au quatrième mandat. «La stature de Abdelaziz Bouteflika est bien trop grande pour être réduite à la candidature d'un seul parti. Le RND soutient Bouteflika depuis 99 et il continuera dans ce soutien», avait annoncé le secrétaire général par intérim du RND lors de la dernière réunion de préparation du congrès. «Plusieurs de ceux qui veulent aujourd'hui se positionner aux premiers rangs furent complètement en dehors du cercle», lance également Abdelkader Bensalah. Des propos qui sont adressés à d'autres «prestataires» : Tajamou Amel El-Jazaïr de Amar Ghoul et le Mouvement populaire algérien de Amara Benyounès. Ces deux ministres se montrent particulièrement offensifs lorsqu'il s'agit de la candidature de Abdelaziz Bouteflika. Et c'est à qui sera le plus entreprenant. La dernière déclaration du patron du TAJ est une véritable perle : «Si le président de la République se présente pour un quatrième mandat, il sera alors notre candidat par fidélité à l'homme mais aussi aux institutions du pays»... Pour sa part, Amara Benyounès a su démontrer une ténacité à toute épreuve. Il a été sûrement le premier à appeler Bouteflika à se présenter. Et il a persisté dans son soutien même lorsque le chef de l'Etat était hospitalisé au Val-de-Grâce puis à l'institution militaire des Invalides. En fait, cette guerre de tranchées aurait pu être évitée si, comme en 2004 et en 2009, ces formations avaient été rassemblées sous une seule chapelle. Mais l'expérience d'une l'Alliance présidentielle semble difficile à reproduire. Le contexte politique et sanitaire n'est plus le même. Et contrairement à Abdelaziz Belkhadem, Ahmed Ouyahia et Aboudjerra Soltani — qui étaient réellement soumis à Abdelaziz Bouteflika — Amar Saïdani, Amar Ghoul, Amara Benyounès et, dans une moindre mesure, Abdelkader Bensalah, sont des personnages ingérables. Ces derniers savent pertinemment que le président de la République est en fin de règne, même s'il parvient à s'imposer pour la quatrième fois consécutive. Ils ont tous un seul et unique objectif : rester au pouvoir après le départ de leur parrain. Et pour cela, ils sont prêts à tout.