Des conceptions chorégraphiques mettant en valeur dans une forme esthétique de haute facture la femme, l'état d'esprit dans ses facettes les plus sournoises et la liberté ont été présentées au Théâtre national Mahieddine-Bachtarzi dans le cadre du 5e Festival culturel international de danse contemporaine d'Alger. Lamia Safieddine du Liban, dansant en solo sur sa propre chorégraphie, a été époustouflante de beauté et de grâce dans Lilith (consacrée par la légende, et la tradition ésotérique, première femme de l'humanité), un hommage à la femme et à son engagement pour son affirmation dans un monde où son partenaire, l'homme essaye d'imposer sa suprématie. S'attaquant à nombre d'idées reçues qui, selon l'artiste, réduisent l'image de la femme orientale et maghrébine à la sensualité de Shahrazade ou à la danseuse, lamia Safieddine a retracé par la grâce du geste et l'élégance du mouvement la genèse de la femme, depuis Lilith. Dans une œuvre d'inspiration mélancolique, où l'amour tient une large part, les atmosphères feutrées aux couleurs vives et la musique évoquant l'évènement et le tourment ont contribué à mettre en valeur le combat de la femme à travers le temps et répandre le parfum exotique du Maghreb et de l'Orient. Succédant au Liban, l'Espagne, à travers cinq ballerines formant la troupe Dantzaz Kampainia, a présenté Le caméléon, une danse — autour de cinq chaises — qui a passé en revue les sautes d'humeur et les brusques changements des dispositions de l'esprit humain, devant l'adversité et les différentes situations de la vie. D'une souplesse physique peu comparable, les ballerines espagnoles ont brillé d'agilité, consommant la quasi-totalité du temps de leur prestation dans le mouvement et la grâce avec une utilisation intelligente des chaises qui ont servi de socles à tous les supports et favorisé la posture assise. Dans l'élancement du corps et l'inertie du mouvement, la compagnie Profil (Algérie) a présenté Chemins de femmes de Faïza Mammeri, une chorégraphie interprétée par quatre ballerines et autant de danseurs dans laquelle la femme est valorisée à travers sa pudeur et sa détermination cachées sous le voile traditionnel et ancestral (haïk). Les artistes ont été d'une technique et d'une synchronisation appréciables, enchaînant les scènes où la femme était au centre de toutes les épreuves, franchissant de nouveaux caps dans sa quête d'affirmation comme entité à part entière aux côtés de son partenaire, l'homme. Le public, nombreux, réagissant à chaque figure esthétique a pris du plaisir à suivre la femme dans ses différents chemins, souvent sinueux et semés d'embûches, racontant son pays à travers son cheminement personnel dans le temps. La compagnie Ver Te Dance de Tchéquie a présenté, à l'issue de ce cinquième soir, un duo qui a dansé autour du thème de la vie et de la liberté, dans un spectacle prodigieux préconisant comme meilleure des libertés, dans la grâce et la beauté du geste, le retour aux origines et à l'état naturel. Simulant une averse en faisant couler véritablement de l'eau sur la scène, les deux artistes ont suggéré le redéploiement de la nature qui se refait dans l'ensemble des ses caractères constructifs, dans des mouvements amples et ouverts qui sollicitent le détachement du corps et qui évoquent ainsi l'essence même de la liberté. La Chine est l'invitée d'honneur du 5e Festival culturel international de danse contemporaine (15-22 novembre 2013).