Aux travailleurs de l'entreprise Gesibat de Annaba en grève ouverte depuis quatre jours se sont joints ceux de Skikda et de Guelma relevant de la même entreprise. En effet, les travailleurs de cette filiale du groupe Grepco, en poste dans ces deux wilayate ont rejoint leurs camarades de Annaba pour un sit-in qu'ils ont tenu hier, mardi, devant le siège de la direction générale de Gesibat implanté dans cette ville. Les revendications des travailleurs portent sur le départ du directeur général de Gesibat et de son staff, la sortie de leur entreprise du groupe Grepco ainsi que l'envoi de commissions d'enquête sur le terrain, en coordination avec les responsables des projets et unités. Dans un communiqué du comité formé de cinq cadres et travailleurs désignés lors de l'assemblée générale des travailleurs du 24 novembre courant, dont une copie a été adressée au Soir d'Algérie, la situation de cette entreprise est qualifiée de «catastrophique». Et pour étayer ce jugement, le document fait état d'une décision de la wilaya de Annaba, portant mise sous scellés de la base principale de Oued Zied, en raison d'une grave pollution de la station d'enrobé. Plusieurs mises en demeures adressées par les services de l'environnement de la wilaya pour l'installation d'un système de dépollution ont été ignorées par la direction, affirment des cadres de cette entreprise. Cette base dispose pourtant de plusieurs ateliers et services généraux indispensables à l'activité de l'entreprise, estiment les mêmes sources. La décision de fermeture de cette base est la goutte qui a fait déborder le vase. Et pour cause, les travailleurs grévistes redoutaient l'arrêt de l'activité de l'entreprise dû au manque de nouveaux plans de charge et par conséquent leur licenciement abusif à l'exemple de ce qui s'est passé avec d'autres entreprises du groupe Grepco. La situation de l'entreprise a déjà fait l'objet d'un compte-rendu négatif adressé en date du 19 novembre courant, par le secretaire général du syndicat de cette entreprise, au P-dg de la SGP Indjab. Dans ce compte-rendu, le secretaire général du syndicat de l'entreprise brosse l'historique de celle-ci avant et après son transfert vers le groupe Grepco. Ainsi, il ressort qu'en 2010 (avant transfert) le chiffre d'affaires était de 2,2 milliards de dinars alors que pour l'exercice 2012 (après transfert) ce chiffre a été réduit de 50%, soit 1,1 milliard de dinars. Le secrétaire général du syndicat indique également qu'avant son transfert Gesibat était certifiée ISO 9001/2000 et structurée en trois directions opérationnelles et sa direction générale avait neuf structures de gestion. Aujourd'hui, cette DG ne dispose que de deux directions (DFC et DAG). «Cette situation a engendré la perte de la certification, la disparition du cadre de travail et la dégradation du climat social et par voie de conséquence la baisse drastique du chiffre d'affaires du fait de l'inexistence d'un centre de réflexion et de commandement». D'où l'appréhension du SG du syndicat quand il souligne : «notre lecture en tant que travailleurs (cadres supérieurs, cadres de maîtrise et exécution), à cette organisation est la volonté de déséquilibrer le fonctionnement des chantiers pour arriver en fin de parcours à la fermeture de l'entreprise ou à son absorption par une autre». Et il cite des cas précis à ce propos. Il fait aussi état, entre autres, d'«humiliation continue des chefs de projets par le directeur général, de l'approvisionnement parcimonieux en matériaux de construction, d'une mauvaise maintenance du matériel de l'entreprise...». Devant le «blocage total» du syndicat, son SG n'avait d'autre choix que de rejoindre le comité représentatif de cinq membres, créé lors de l'assemblée générale des travailleurs tenue le 24 novembre courant. Dans le souci d'avoir le point de vue de la direction générale, nous avons essayé de prendre attache avec celle-ci, mais sans succès. A. Bouacha OUM-EL-BOUAGHI Des citoyens en colère ferment la route à Henchir Toumghani De sources crédibles, nous avons appris que les habitants de la localité de Henchir Toumghani à 5 km à l'ouest du chef-lieu de wilaya ont bloqué avant-hier la RN 100 reliant Aïn Kercha à Aïn M'lila, en utilisant différents objets hétéroclites. Les habitants de cette localité, au nombre de plus d'une centaine, ont réagi suite au tragique accident survenu la veille et qui a coûté la vie à une jeune enseignante, agée de 24 ans qui voulait traverser la chaussée pour rejoindre l'école Amedjoudj Rebai, où elle travaillait comme enseignante. La mort était au rendez-vous lorsqu'un véhicule léger qui roulait à vive allure, l'écrasa sur le coup, devant ses élèves et à qui elle a toujours conseillé de faire très attention pour traverser la route. Cet accident a mis en colère les parents d'élèves et les riverains qui se sont manifestés spontanément. Dans ce mouvement de colère, les manifestants ont obstrué la RN 100 en utilisant des troncs d'arbres, de grosses pierres et en brûlant des pneus usagés pour bloquer la route et paralyser la circulation dans les deux sens pendant plusieurs heures. Ces manifestants ont exigé la (re)pose de ralentisseurs qui ont été supprimés la veille de la visite du chef du gouvernement dans la wilaya au niveau de leur localité, pour dissuader les usagers de la route qui carburent plein régime et qui constituent un danger pour leur progéniture. Cette manifestation a suscité l'intervention des responsables locaux, à l'image du P/APC de la localité, le P/APW, le chef de daïra et un membre de l'APW, en la personne de M. Djebaili S. (qui a l'habitude de servir de pompier dans ce genre de cas). Tout ce beau monde s'est donc déplacé sur les lieux de la manifestation, a pu raisonner les mainfestants et les convaincre à revenir à de meilleurs sentiments. Selon les responsables du secteur des travaux publics, la remise des ralentisseurs était au programme, seulement les dernières précipitations qui se sont abattues sur la région ont retardé cette opération. Dans l'après-midi de la même journée, les manifestants se sont dispersés dans le calme et les choses ont été rétablies pour ouvrir la circulation dans les deux sens. Moussa Chtatha Jijel Une liste et des émeutes L'affichage de la liste des 454 bénéficiaires des logements sociaux de la commune de Jijel dans la matinée d'hier, mardi, a provoqué un mouvement de protestation parmi de nombreux habitants dans certains quartiers de la ville. A ce sujet, des centaines de citoyens ont tenu hier sous une pluie battante, un sit-in devant le rond-point à la sortie est de la ville de Jijel, à proximité de la Direction des mines et de l'industrie et la polyclinique Alia, bloquant ainsi la circulation routière sur cette route qui enregistre quotidiennement un dense trafic routier étant donné qu'elle représente l'entrée est du chef-lieu de la wilaya en provenance de Constantine. Sur les lieux, en dépit des pluies torrentielles qui s'abattent sur Jijel, les protestataires ont exprimé leur mécontentement quant aux critères établis par la commission de daïra d'attribution des logements sociaux dans la confection de cette liste provoquant ainsi ce mouvement de protestation. Selon certains témoins, ladite entrée d'aglomération a été le théâtre de scènes de violences provoquées par des jeunes émeutiers qui l'ont fermée à l'aide de pneus brûlés et des troncs d'arbres. Et pour éviter un éventuel dérapage, les autorités locales ont fait appel à l'avance aux renforts de police d'autres wilayas pour «mater» cette émeute. Par ailleurs, la route longeant le siège de la mouhafadha de l'ex-parti unique a été fermée à la circulation par les protestataires qui contestent vivement et violemment cette liste. Il convient de souligner que l'impressionnant dispositif de sécurité a pris position hier, tôt le matin, au niveau de certains quartiers «chauds» de la ville et devant les édifices publics pour éviter la casse.Une pratique courante dans un système qui fonctionne selon la logique de l'émeute faute d'une gestion démocratique. Notons enfin que la commission de daïra a placardé la liste des 454 bénéficiaires sur les murs de certains établissements scolaires éparpillés dans des quartiers de la ville et éloignés, pour éviter les attroupements des citoyens.