La précampagne pour un quatrième mandat de Bouteflika a été enclenchée ouvertement dès le retour en juillet de ce dernier des hôpitaux français où il était soigné pendant 80 jours pour un AVC. A celle-ci contribuent des leaders partisans et des responsables institutionnels. Qui sont ces hommes du Président ? A quels profils répondent-ils ? Sofiane Aït Iflis - Alger (Le Soir) Les précurseurs de cette campagne pour la reconduction à la magistrature suprême d'un président sortant convalescent ne sont pas nombreux. Cependant, ils ont produit tellement de bruit autour de cette candidature qu'ils ont fini par créer l'illusion que c'est tout un chœur qui s'est investi dans l'exécution de la partition. Et d'entre tous, il faut reconnaître que c'est le secrétaire général du Front de libération nationale (FLN) qui s'est le plus mis en vue. Amar Saïdani, dont la propulsion à la tête du FLN semble répondre à un cahier des charges électoral, n'a pas rechigné devant l'effort, prenant très à cœur la mission dont il est investi, nullement apeuré par ses adversaires au sein du parti qui le taclent sans discontinuer. D'avoir fait de l'appel à candidature de Bouteflika son leitmotiv principal, Amar Saïdani a fini, à force de répéter sa sérénade, inlassablement et en tous lieux, par apparaître comme le premier de cordée, bien devant un Premier ministre qui, lui aussi, a de quoi se réclamer de la proximité proche de Bouteflika. Abdelmalek Sellal, confirmé dans ses fonctions de Premier ministre à l'occasion du dernier remaniement ministériel, n'était-il pas le seul, avec le chef d'état-major de l'ANP, Gaïd Salah, à être autorisé à rendre visite au Président hospitalisé à Paris ? A être reçu à maintes reprises en audience à Alger par le Président convalescent ? Incontestablement, Abdemalek Sellal intègre le cercle restreint des hommes du Président. Sauf que sa fonction institutionnelle ne lui confère pas cette liberté désinvolte d'un Amar Saïdani à précipiter la campagne électorale pour la présidentielle d'avril 2014. Ce n'est cependant pas l'envie d'être le jeune premier qui a manqué. Aussi a-t-il tenté une fois de recadrer un Saïdani qui travaillait, par quelques annonces fortes, à faire valoir un statut du plus adoubé d'entre les deux. Sans trop réussir, cela dit, puisque le secrétaire général du FLN a vite fait savoir au Premier ministre qu'il a intérêt à ne pas déborder de ses plates-bandes. La guéguerre entre les deux hommes, qui renvoyait une bien pathétique image de l'entourage de Bouteflika, devait cesser d'un coup, après certainement l'intervention du chef d'orchestre, l'homme de l'ombre qui régente les séquences jouées alternativement par les deux hommes : Saïd Bouteflika, en l'occurrence. Ce dernier, par son double statut de frère et de conseiller, est l'œil et l'oreille du Président. Certains l'accusent même d'agir en président à la place du président, notamment durant la maladie du chef de l'Etat. Son intervention a permis de préciser les rôles de l'un et de l'autre des deux hommes, Amar Saïdani s'occupant des entremets politiques pour une candidature supplémentaire, Sellal, pour sa part, ferraillant à lifter les bilans. Derrière Saïdani et Sellal pointent ceux que le jargon désigne par les seconds couteaux. Ces derniers se nomment, par ordre d'engagement public, Amar Ghoul, le président du TAJ, et Amara Benyounès, le secrétaire général du MPA. Ces deux hommes, tous deux membres du gouvernement, ont embrayé en même temps, voire avant Saïdani, sur la précampagne pour un 4e mandat de Bouteflika. Seulement, n'étant pas dans les certitudes d'un Saïdani, ils ont fini par manquer d'haleine au fil des jours. Et si Bouteflika s'accoude sur cette poignée d'hommes, chefs d'appareils partisans, il ne se priverait pas pour autant d'agrandir opportunément la cour, en puisant, outre dans les chapelles partisanes traditionnellement acquises, dans les organisations de masse. Sidi Saïd, le patron de l'UGTA, a déjà mis le pied à l'étrier.