De notre bureau de Bruxelles, Aziouz Mokhtari Pour Georges Grün, le véritable adversaire des Belges n'est ni la Russie ni la Corée, mais l'Algérie. La Belgique sait choisir ses espions. Récit. L'Union belge de football a rendu public un communiqué dans lequel elle informe que Georges Grün, ex-Diable rouge, est partie prenante du voyage au Brésil. Actuellement commentateur pour RTL-TV et Club RTL (télévisions privées francophones), G. Grün est un bon expert, pronostiqueur hors pair et sait lire le jeu. Pourtant, les sponsors et les dirigeants du football belge l'ont mis dans «leurs bagages» pour une autre raison. C'est lui qui, parmi les premiers, juste après le tirage au sort des groupes pour le Mondial-2014, a dit et averti que le véritable adversaire de la Belgique n'est ni la Russie ni la Corée mais l'Algérie. Le match référence des Fennecs, selon Grün, n'est pas celui livré par les nôtres contre l'Allemagne en 82 «trop lointain, peu représentatif du foot algérien actuel», mais ceux contre le Brésil en 86 et contre l'Angleterre en 2010 en Afrique du Sud. Selon toute vraisemblance, Georges Grün a été ex-filtré du staff technique vers la délégation officielle pour des raisons pratiques, de respect des normes et pour ne pas peser sur l'entraîneur actuel. Les tâches de l'ex-international semblent, cependant, claires. Pour être précis, il faut écrire la «tâche». Grün est chargé de superviser l'Algérie, de livrer une analyse précise, documentée, fouillée sur le jeu, l'environnement, les points forts et les points faibles des Algériens. Il en a les capacités et les compétences idoines. Les Belges dans ce domaine ou dans d'autres n'ont pas pour habitude les approximations, les à-peu-près ou l'improvisation. L'actuel team drivé par Marc Wilmots est une véritable machine de guerre, qui emporte tout sur son passage, ne laisse rien au hasard et peut marcher sur n'importe quel adversaire. Juste après leur qualification, les Diables rouges n'ont pas hésité à sacrifier deux matches amicaux, pourtant de prestige, l'un contre le Japon et l'autre contre la Colombie. Le sélectionneur, prudent, excessivement calculateur, savait que son équipe était surveillée de près, jalousée pour son statut de tête de série et ne voulait pas confectionner ses rentrants devant le monde entier. Nul doute que c'est la stratégie qui sera adoptée d'ici le débit du Mondial. La Belgique ne se dévoilera pas, ne montrera pas son équipe-type dans les matches préparatoires pour les raisons invoquées et aussi parce que Wilmots tient à mettre tous ses joueurs en compétition interne. Elle sera féroce. Aucune étoile — et pourtant, les Diables rouges possèdent en leur sein des étoiles — n'est assurée d'être titulaire, pas même sûre de faire le lointain voyage du Brésil. Pour en revenir à l'espion Grün, selon nos sources, il ne sera pas seul à scruter les Fennecs. Autour de lui, il y aura un véritable noyau de réflexion et de prospectives chargé de briffer le sélectionneur fédéral. Les Belges, par ailleurs, connaissent parfaitement le football algérien. Plusieurs de nos compatriotes ont évolué dans le championnat du royaume (Guedioura à Charleroi, Zidane à Courtai) et plusieurs autres ont foulé leurs crampons sur les gazons de Sa Majesté le roi Philippe mais ont porté les couleurs de la France, la réglementation FIFA leur permettant le choix. Les experts belges ne s'arrêtent pas à ces détails du droit du travail international régissant le football. Pour eux, le plus important et à retenir est le fond de jeu, les caractéristiques de l'homo-algeranus de la balle au pied (football), ses réactions et ses aptitudes ou inaptitudes. pour Georges Grün, il n'y a pas de différence fondamentale entre Zinedine Zidane, Samir Nasri, Karim Benzema et Lakhdar Belloumi, Chaâbane Merzekane, Feghouli, Slimani ou Madjid Bougherra. Leur façon de jouer, de se comporter sur le terrain, leur sang chaud et les nerfs à fleur de peau sont les mêmes, ainsi, évidemment, que leur brio et leur talent. Les Belges, c'est certain, tenteront, par beaucoup de subterfuges, de faire mettre des cartons aux Algériens lors de la confrontation entre les deux pays, de couleur rouge de préférence, sinon des jaunes qui paralyseront un ou deux joueurs pendant l'explication suffiront. Les responsables techniques du royaume travailleront ces choses-là et bien d'autres encore. Les experts du royaume ont déjà récolté pas mal de données sur les Fennecs et ont réuni une filmothèque précieuse. Les matches de qualification pour les Mondiaux 2010 et 2014, les participations algériennes aux dernières Coupes d'Afrique, les grands moments et les grands ratages des nôtres. Avec une attention particulière pour le match contre l'Egypte perdu par l'Algérie sur le score sans appel de 4 à 0 en Angola. Pour les penseurs du foot belge, il est «inconcevable», «impardonnable» et même ridicule de perdre — par ce score — contre un adversaire terrassé par la qualification au Mondial d'Afrique du Sud. Cette défaite est intéressante pour Georges Grün et les espions de Sa Majesté le roi Philippe parce qu'elle met en lumière les défauts criants et visibles à l'œil nu des Algériens : l'absence de self-contrôle, les colères injustifiées et excessives et le fait de tomber dans le piège tendu. Les Belges seront les Egyptiens de la Coupe du monde 2014. Ils ont les qualités nécessaires pour mener les Algériens vers le conflit et monter contre eux l'arbitre dans les règles de l'art... Les Diables rouges envisagent, par ailleurs, de se confronter soit au Maroc, soit à la Tunisie, vu, selon eux, la proximité du jeu avec les Algériens.