Entre 140 et 150 peines de mort sont prononcées annuellement en Algérie. L'information a été rendue publique hier par le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'Homme (CNCPPDH), M. Farouk Ksentini, lors de son intervention à la journée d'étude sur «la perspective régionale arabe des institutions sur la peine de mort». Abder Bettache - Alger (Le Soir) Le débat sur le maintien ou l'abolition de la peine de mort en Algérie est désormais lancé. Après les appels des députés de la Chambre basse à «l'instauration et l'exécution de la peine de mort», à l'occasion des débats qui ont suivi l'avant-projet de loi du code pénal présenté récemment à l'APN, un autre débat sur le sujet a été lancé depuis hier par les partisans de l'abolition de la peine de mort. La rencontre organisée par la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'Homme (CNCPPDH) a vu la participation de plusieurs personnalités algériennes et étrangères, dont l'ordre du jour était consacré à la vision des institutions arabes sur la question de la peine de mort. Ainsi, lors de son intervention, le président de la CNCPPDH a plaidé pour «l'ouverture d'un débat public sur la peine de mort». «Nous avons soumis nos propositions à ce sujet et nous sommes pour l'ouverture d'un débat sur la peine de mort», a déclaré Me Ksentini, en réaction aux amendements proposés par les députés sur l'application de la peine de mort dans le cadre du débat général à l'Assemblée populaire nationale (APN) sur le code pénal. «Les députés sont libres de faire des propositions. Ils ont certainement leurs arguments et leurs raisons, mais pour nous, l'essentiel, est d'arriver à l'ouverture de ce débat, afin de trouver la solution idoine», a-t-il souligné, précisant, toutefois, que «le législateur est souverain». Et de poursuivre : «Nous n'allons pas partir en croisade contre ceux qui ne partagent pas notre position, mais nous restons attachés au dialogue.» Toujours concernant ces amendements, le président de la CNCPPDH rejette l'amendement relatif à la «responsabilité pénale à partir de l'âge de 10 ans». «Je suis totalement contre cette idée. Cette responsabilité définie à partir de 13 ans reste dans les normes. Je ne vois pas pourquoi on ne prend pas exemple des pays développés dans ce domaine», a-t-il soutenu, précisant que dans l'élaboration des textes juridiques, «il y a toujours des paramètres à prendre en considération comme l'environnement social». Le point de vue du président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'Homme est partagé par la quasi-totalité des personnalités présentes à cette rencontre. C'est le cas de l'avocat Miloud Brahimi qui n'a pas hésité à afficher ouvertement son opposition. Selon lui, «l'Algérie, à l'instar des pays respectant les principes des droits de l'Homme, doit abolir la peine de mort». «A nous de prendre l'initiative, sinon elle nous le sera imposée comme ce fut le cas pour la Turquie, qui a procédé à l'abolition de la peine de mort lorsqu'elle a décidé d'intégrer l'Union européenne», a-t-il expliqué. Un avis partagé par le président de la Ligue des droits de l'Homme, M. Boudjemaâ Ghechi, qui a appelé aux vrais débats sur la question. «Nous sommes pour l'abolition de la peine de mort, mais nous invitons tous les protagonistes à un réel débat contradictoire sur la question.» Notons que cette rencontre, qui va durer deux jours, sera sanctionnée par des recommandations qui seront transmises aux pouvoirs publics.