La société Michelin Algérie a bradé le terrain de l'unité de pneumatiques de Bachdjarah, où l'activité industrielle a été arrêtée. Chérif Bennaceur - Alger (Le Soir) C'est pour ce motif que l'Etat algérien a décidé d'exercer son droit de préemption sur cette unité, cédée récemment au groupe privé evital, expliquait hier le ministre du Développement industriel et de la Promotion de l'investissement, hôte de l'Asssemblée populaire nationale. Amara Benyounès, qui répondait aux préoccupations des parlementaires à propos du projet de loi de finances pour 2014, a ainsi confirmé la volonté de l'Etat d'exercer son droit. Certes, le ministre du Développement industriel a précisé que l'Etat n'interfère pas dans les relations entre partenaires économiques, dans leur volet patrimonial. Selon M. Benyounès, l'Etat n'intervient que dans le cas où le prix de cession est «bas» et que l'activité industrielle cesse. Ce qui est justement le cas pour cette unité qui compte 460 employés et dont l'activité a été, ainsi que celle de deux autres unités du groupe dans le monde, arrêtée par Michelin. Ainsi, l'Etat algérien a décidé d'intervenir, laisse entendre l'hôte de l'APN, en vue de permettre la relance de l'activité industrielle et de préserver les postes d'emploi. Mais ce qui justifie la sollicitude de l'Etat, c'est le prix de cession que l'on considère comme effectivement incompatible. Ainsi, l'unité, dont la superficie est de 15 hectares a été cédée pour 1,7 milliard de dinars, soit pour un prix de 11 000 dinars le mètre carré. Or, la valeur vénale de ce terrain est plus importante, Amara Benyounès considérant que «tout le monde sait que le prix du foncier à Alger est 20 fois plus cher», et ne prend pas en compte l'envergure du terrain. Auparavant, le ministre du Développement industriel avait justement soulevé la problématique du foncier industriel qui constitue «la principale contrainte à l'investissement». Certes, de nouveaux investissements ont été enregistrés, indiquera Amara Benyounès, mais qui portent essentiellement sur l'extension de l'activité. Toutefois, aucun nouvel investisseur n'a été enregistré, faute de foncier selon le ministre en charge de la Promotion de l'Investissement. D'où la nécessité de trouver des «solutions» à cette problématique, arguera-t-il, évoquant la dynamique visant la création de 49 nouvelles zones industrielles, d'une superfie de 11 600 hectares et pour un coût de 139 milliards de dinars. Ce qui pemettra, certes, l'augmentation de l'offre foncière, relève-t-il, tout en prônant la nécessité de développer l'offre foncière nouvelle. Arguant par ailleurs de l'encouragement au développement du partenariat public-privé, à même de stimuler la compétitivité des entreprises algériennes à l'international, Amara Benyounès avait indiqué par ailleurs, que la promotion de la production nationale nécessite des «solutions économiques » et non des mesures «administratives», récusant ainsi la proposition de l'UGTA, relative à la réintroduction de l'autorisation d'importation. En outre, le ministre de l'Industrie a évoqué une dynamique d'investissements déclarés au niveau de l'ANDI (8 590 projets, d'un montant de 1 346 milliards de dinars et lancés à 97,6% par des investisseurs privés). Pas de politique à El Hadjar Faisant également état de la hausse des investissements directs étrangers (IDE) et l'intérêt des sociétés industrielles leaders pour le marché algérien, Amara Benyounès est revenu sur la reprise par l'Etat du complexe sidérurgique ArcelorMittal d'El Hadjar. Indiquant que le partenaire algérien a repris 21% des parts d'ArcelorMittal dans ce complexe, le ministre du Développement industriel a indiqué que les deux parties ont bénéficié d'importantes facilités financières, pour un montant de l'ordre de 1 milliard de dollars durant les quatre prochaines années. Or, l'engagement de hisser la production sidérurgique à 2,2 millions de tonnes par an d'ici 2017 ne peut être respecté, assure M. Benyounès, si «la stabilité sociale» n'est pas assurée. A ce titre, le ministre a indiqué que seuls les gestionnaires, les travailleurs et les syndicalistes pourront accéder à ce complexe où les activités politiques, les interférences et autres personnes étrangères seront interdites. Concernant les concessionnaires automobiles, Amara Benyounès a indiqué que l'activité est régie par des cahiers de charges et que des normes de sécurité et environnementales sont en vigueur. Toutefois, le contrôle des véhicules s'effectue uniquement par voie documentaire ou par l'examen d'un prototype par les ingénieurs des mines, en l'absence d'un laboratoire opérationnel. D'où la nécessité de développer les laboratoires de contrôle et de compenser le déficit en ce domaine, assure M. Benyounès, même si un projet de laboratoire national des essais a été lancé depuis des années et reste encore attendu.