Une politique industrielle, basée sur «la continuité mais aussi la rupture ». C'est ce que le ministre de l'Industrie, de la PME et de la Promotion de l'investissement présentera aujourd'hui au gouvernement. Chérif Bennaceur - Alger (Le Soir) - Ayant annoncé hier à l'hôtel El Djazaïr, lors d'une rencontre institutionnelle algéroitalienne, la présentation aujourd'hui d'un double rapport sur la politique industrielle et l'amélioration du climat des affaires, Chérif Rahmani explique que cette politique industrielle, qui met «l'entreprise au coeur» du processus de relance, se fonde sur «une vision pour les prochaines années». Mais aussi sur des «objectifs à atteindre» et des politiques publiques à mettre en oeuvre concernant la promotion de l'investissement, la protection et la valorisation «intelligente» de la production nationale, ainsi que le positionnement à l'international. Il s'agit ainsi d'identifier les filières industrielles, celles compétitives, celles enregistrant des déficits et celles pouvant être «récupérées, reconquises» dans des segments d'innovation, dira-t-il. A ce propos, Chérif Rahmani indiquera que six groupes de filières sont ciblés, la création d'entreprises «fortes», compétitives ainsi que la promotion des PME étant primordiales. A ce titre, le ministre de l'Industrie évoque la mise en oeuvre d'«une discrimination positive» au profit des PME, l'encouragement à la création de pôles industriels. Une philosophie certes relativement proche de la stratégie industrielle conçue voilà quelques années, sous la férule de l'ancien ministre de l'Industrie, Hamid Temmar. A ce propos, Chérif Rahmani, qui a motivé cette nouvelle politique par le contexte, les évolutions et la nécessité de «s'adapter» ainsi que d'oeuvrer à réduire la dépendance aux hydrocarbures et résorber le chômage, relève, ce faisant, que sa maturation s'est faite «dans la continuité» avec la démarche initiale. Toutefois, cette nouvelle politique est également conçue sur «la rupture», dira le ministre de la PME, rétif, cependant, à en dévoiler les détails exacts. Comme Hamid Temmar s'est montré assez peu prolixe sur la teneur du second rapport, relatif à l'amélioration du climat d'affaires (le Doing Business). Ainsi, le ministre de la Promotion des investissements a indiqué que ce rapport comporte une centaine de «préconisations», des propositions formulées par plusieurs organisations patronales et syndicales et autres cercles de réflexion. Toutefois, des propositions soumises à l'«arbitrage» de l'exécutif, laisse-t-on entendre. Outre le développement de l'innovation, de la qualité et des ressources humaines, cette dynamique de relance est également basée sur la promotion de partenariats algéro-étrangers durables, le transfert de savoir-faire, la stimulation du positionnement des entreprises algériennes à l'international ainsi que le développement de l'intégration au plan domestique, l'intégration de la chaîne de valeurs internationales au niveau local, pour paraphraser M. Rahmani. Des principes qui sous-tendent justement la consolidation du partenariat algéro- italien, tel qu'évoquée lors de cette rencontre institutionnelle, placée sous l'égide du ministre de l'Industrie et du viceministre italien du Développement économique, Carlo Calenda, à la tête d'une délégation de 15 institutionnels et opérateurs économiques italiens. Impulsée suite à la dernière visite de Cherif Rahmani en Italie, les 17 et 18 avril derniers, cette rencontre vise à préparer une grande rencontre économique, prévue en octobre prochain. Confiés à une task-force mixte, les préparatifs porteront sur l'élaboration d'une plateforme d'actions, «une feuille de route», et l'identification de projets concrets et «concrétisables » à l'horizon 2015 dans les filières stratégiques de la mécanique, des industries manufacturières, la construction, le tourisme, la pêche, la pharmacie et la chimie ainsi que la biotechnologie. Il s'agit ainsi, comme le prône clairement le viceministre du Développement économique, de booster les investissements en transcendant la dimension commerciale, de conforter des rapports de qualité. Et d'autant que l'Algérie constitue, dira Carlo Calenda, «une priorité» pour le gouvernement italien. Notons que les investissements algériens en Italie ont atteint les 160 millions d'euros durant les dernières années.