La wilaya de Aïn Defla et particulièrement Khemis Miliana sont devenues une zone de transit de la drogue qui vient de l'ouest vers le centre et l'est du pays et du fait que Khemis Miliana se trouve à la croisée des grands axes routiers d'ouest en est et du nord vers le sud et avec la mise en service de l'autoroute qui est venue renforcer et densifier le trafic d'ouest en est, pas toujours facile à contrôler. Malgré les saisies de kif, de psychotropes et même récemment de cocaïne, qu'opèrent les services de douane, de police et de gendarmerie, plus ou moins importantes, il ne se passe pas un jour sans qu'on enregistre des arrestations de dealers et de consommateurs. Pour certains, la consommation de la drogue tend à se banaliser tout comme son commerce qui rapporte gros à ses tenants. Cependant, la dépendance engendrée par la consommation génère toute une chaîne de méfaits, de délits, voire de crimes. C'est pour enrayer ce phénomène, face à une situation qu'on qualifie de très préoccupante, que l'initiative de constituer un front que l'Association des policiers à la retraite, en collaboration avec la Fédération des parents d'élèves, ont tenu une première réunion dans la matinée d'hier, au niveau de l'Institut de la formation professionnelle de Khemis Miliana, à laquelle ont été conviés les cadres de l'éducation, les représentants de la société civile et les membres des différents services de sécurité. L'objectif premier a été de sensibiliser toutes les parties et tirer la sonnette d'alarme. Prenant la parole, le président de l'Association des policiers à la retraite donna un aperçu des plus alarmants de la situation. «Aujourd'hui, c'est une véritable guerre que nous livre le Maroc avec sa bombe destructrice et ravageuse qu'est la drogue, le Maroc où les pouvoirs publics encouragent la culture du chanvre indien, ferme les yeux sur son exportation, et où nos produits soutenus par l'Etat s'échangent avec ce poison aux méfaits désastreux», dira-t-il. L'orateur avança des chiffres qui donnent froid dans le dos : «Jamais nos services de sécurité n'ont réalisé autant de saisies, les chiffres avoisinent les 1 000 tonnes annuellement, soit l'équivalent de centaines de milliards de dinars.» Par ailleurs, citant le président de la RASD, il dira : «Une partie des revenus du commerce de la drogue sert à financer le terrorisme.» Pour enrayer cette «déferlante», il exhortera à «une mobilisation permanente, sans relâche... Nous devons agir pour prévenir, protéger et défendre notre jeunesse en mal d'évasion». La lutte doit être constante, a déclaré l'orateur. A ce sujet, il dira : «On ne peut pas lutter contre ce danger par des campagnes, un campagne c'est un jour sur 365, que devient alors un adolescent durant les 364 jours restants ? Il s'établit alors le vide, un vide qui est mis à profit par les chasseurs de victimes potentielles, des victimes déjà fragilisées par une multitude de facteurs matériels et psychologiques.» L'intervenant soutient que seules l'école et l'éducation sont à même d'endiguer cette catastrophe et sollicite la Direction de l'éducation d'apporter son concours, sa participation dans cette lutte. Le président de la Fédération de wilaya des Associations de parents d'élèves prit la parole à son tour pour déclarer que «la drogue est dans nos établissements scolaires. Le danger est en la demeure et la situation nous interpelle tous». Par ailleurs, il déplorera l'absence à cette réunion des chefs d'établissements scolaires, concernés pourtant à plus d'un titre. On se propose de diffuser partout des fascicules de sensibilisation aux élèves des trois paliers ainsi que dans les établissements de formation et de réfléchir sur les méthodes de lutte les plus appropriées.