L'historien, le Dr Zoheir Ihadeden a soulevé la question des trois convictions de Ferhat Abbas : assimilation, laïcité et non-violence. Des positions que lui reprochaient certains et qui continuent à nourrir la confusion. Rym Nasri - Alger (Le Soir) «Ferhat Abbas a suivi la théorie de l'émir Khaled et celle de Benbadis, qui prônaient l'assimilation, afin d'arracher des droits à la France coloniale notamment une compensation politique», a expliqué le Dr Zoheir Ihadeden hier, au forum d'El Moudjahid, à Alger. Selon lui, la laïcité était aussi l'une des revendications de l'émir Khaled et de Benbadis. «Ces deux hommes ont toujours plaidé pour la laïcité afin de séparer la religion de l'Etat et d'empêcher la France de gérer les mosquées et de désigner les imams, les muftis, les cadis et autres hommes de religion», a-t-il précisé. Une laïcité à laquelle a d'ailleurs appelé Ferhat Abbas. «Pour lui, c'était une solution politique», a-t-il ajouté. De son côté, Hocine Mezali, journaliste et auteur de l'ouvrage Ferhat, un homme, un visionnaire, a rappelé que Ferhat Abbas était un fervent admirateur de Kemal Atatürk. «C'est lui qui disait : je n'aime pas la laïcité telle que conçue par Atatürk mais je n'aime pas non plus que la religion soit manipulée par le pouvoir». Ferhat Abbas était également l'un des partisans de la non-violence. Selon l'historien, Zoheir Ihadeden, il était parmi les premiers pionniers de ce concept. «Face à l'entêtement de la France coloniale, et convaincu par Abane Ramdane, Ferhat Abbas a fini par laisser tomber la solution politique et adhérer à la révolution armée.» Qualifiant l'ancien président du GPRA, Ferhat Abbas, de «grande personnalité» du 20e siècle de l'histoire de l'Algérie, il a affirmé que cet homme s'est distingué par son militantisme estudiantin et son activité politique avant et durant la guerre de Libération nationale, et même après l'indépendance. Et de poursuivre : «C'était un nationaliste démocrate, qui a œuvré pour la démocratie après l'indépendance malgré le pouvoir absolu qui y régnait. Son engagement lui a d'ailleurs coûté deux emprisonnements et la confiscation de ses biens. Même son fils a été emprisonné avec lui», a témoigné l'historien.