Par Kader Bakou Il est né et a grandi en Algérie. Il parle l'arabe algérien et le français comme la plupart des Algérois. Les gens croient qu'il est algérien. Parfois, quand les circonstances l'exigent, il leur fait savoir que son père est palestinien. Il est très influencé par les idées de gauche de son père. Sur le problème israélo-palestinien, il avait un avis que ne partageaient pas ses amis. Selon lui, le problème de la Palestine n'est pas religieux, mais politique. C'est une question d'intérêts. Les Etats-Unis et l'Occident en général soutiennent Israël parce que, tout simplement, cet Etat défend leurs intérêts dans la région. Il estime que les Arabes, s'ils le veulent vraiment, peuvent faire changer les choses. Ils ont les moyens de faire pression sur l'Occident dont les intérêts avec eux sont beaucoup plus importants que ceux qu'il a avec Israël. L'Algéro-Palestinien n'est pas d'accord avec ceux qui disent que le lobby sioniste est tout puissant et qu'il manipule tout. «Il y a des sionistes qui veulent faire croire ça. Ça les arrange parce que ça renforce le mythe de l'invincibilité d'Israël», répondait-il, calmement, à chaque fois. Tout en étant lui-même laïc, il estime que les laïcs israéliens ont une grande responsabilité dans la situation conflictuelle régnant au Moyen-Orient, car ce sont eux qui détiennent le vrai pouvoir. Au début des années 1990, ses avis à contre-courant faisaient grincer pas mal de dents autour de lui. «Comment un juif qui menait la belle vie en Europe ou aux Etats-Unis abandonne-t-il tout pour aller vivre en Palestine ; si ce n'est par conviction religieuse ?» lui fait remarquer quelqu'un. «Oui, il le fait par convictions religieuses. Mais ce sont d'autres parties qui exploitent son sentiment religieux, à d'autres desseins», lui répond-il. Pour beaucoup de gens à l'époque (et aujourd'hui), le djihad est l'unique moyen de libérer la Palestine. A l'époque (et aujourd'hui), l'Algéro-Palestinien leur répond par cette réflexion de son père gauchiste : «Si tu veux compliquer un problème, islamise-le !» K. B.