Les cinéastes serbes Mila Turajlic et Srdjan Golubovic ont raflé jeudi soir les Grands prix du 4e Festival international du cinéma d'Alger (Fica) dédié au film engagé qui prenait fin lors de cette soirée. Le réalisateur serbe a fait l'unanimité auprès du jury qui lui a décerné le Grand prix du Fica de la catégorie fiction pour son long-métrage Circles (Cercles), un drame poignant avec trois niveaux de narration ayant en commun leur point de départ. En 1993, pendant la guerre de Bosnie, un soldat, Marko, s'interpose pour sauver un marchand de tabac, maltraité par d'autres militaires, d'une mort certaine. Ce geste héroïque, le jeune homme le payera de sa vie laissant derrière lui une fiancée éplorée, des amis et un père inconsolable. Plus de dix ans plus tard, les coupables, les victimes et leurs familles se retrouveront liés et confrontés à nouveau dans des circonstances différentes qui demandent beaucoup de courage, d'humilité et de sagesse. Dans la même catégorie, le film No du réalisateur chilien Pablo Larra s'est vu attribuer le Prix spécial du jury, présidé par Djamila Sahraoui, alors que le public de cette édition s'est aussi exprimé pour attribuer le Prix du public, nouveauté de cette année, à la réalisatrice Licino Azevedo du Mozambique pour son œuvre La vierge de Margarida. Dans la catégorie film documentaire Cinema Komunisto, de la réalisatrice serbe Mila Turajlic, a été plébiscité par le jury présidé par Larbi Benchiha, une œuvre qui retrace le rêve yougoslave à travers la production cinématographique de la Cité du cinéma de Belgrade. Le documentaire, qui est aujourd'hui le mode d'expression le plus en vogue dans le cinéma engagé, a connu une compétition très riche et difficile au vu des participants. Le prix spécial du jury documentaire a été, quant à lui, attribué à la réalisatrice américaine Shola Lynch pour son film Free Angela and the all Political Prisoners, alors que le vote du public a distingué Malik Aït Aoudia pour son reportage Le martyre des sept moines de Tibhirine. Vu la qualité des œuvres, le jury a décidé d'attribuer une mention nommée «Filmer à tout prix» au documentaire Infiltrators du Libanais Khaled Jerar ainsi qu'une mention «Film résistant» au Grec Yannis Youlountas pour Ne vivons plus comme des esclaves. En présence de la ministre de la Culture, Khalida Toumi, le festival a rendu hommage cette année au réalisateur américain Charles Burnett, des distinctions remises par deux symboles de l'engagement pour l'indépendance de l'Algérie : Annie Steiner et Zohra Drif-Bitat. Lors de cette cérémonie de clôture, Zahira Yahi, commissaire du festival, a annoncé avoir «entamé un projet en collaboration avec la Cinémathèque algérienne pour que les films participant au Fica soient projetés dans toutes les salles de la Cinémathèque». Inauguré le 19 décembre, le 4e Festival international du cinéma d'Alger (Fica) dédié au film engagé a pris fin jeudi dans la soirée.