La première édition du Festival culturel maghrébin du cinéma, qui se poursuit jusqu'au 8 novembre à Alger, a été inaugurée dimanche dernier à la salle El Mouggar par la projection du long métrage de Selma Bargach, La cinquième corde. Dans ce mélodrame, c'est d'abord la musique qui offre des alternatives de changement à une jeunesse en quête d'ouverture vers un nouveau monde, approprié à ses aspirations. Premier long métrage de la cinéaste marocaine qui en a également écrit le scénario, La cinquième corde, une fiction de 98 minutes, répercute sur grand écran un nouveau regard en quête de tolérance. Un regard qui traduit à son tour la nécessité d'une nouvelle vision sur une culture enracinée depuis des siècles. Réalisé en 2011, ce film, qui a obtenu plusieurs distinctions et participé à des rencontres internationales, relate le parcours créatif de Malek, un passionné de luth qui, voulant encore progresser, arrive chez son oncle Amir, maître de musique et détenteur du secret de la 5e corde, symbole de renouveau que Ziryab a ajouté à son «oûd» au VIIIe siècle. En rencontrant Laura, Malek affiche clairement son obstination à vouloir percer le mystère de la 5e corde, signe d'une volonté prononcée de se libérer du conservatisme de son oncle. Ce dernier devient même furieux lorsqu'il entend son neveu jouer sa première composition où le luth n'est plus dans la tradition mais dans un mélange de sonorités jazz aux allures modernistes. «Le parcours de Malek, jalonné d'épreuves, est aussi celui de centaines de jeunes incompris et sans soutien, vivant en marge de la société», explique Selma Bargach, avant d'ajouter : «C'est aussi celui de ceux qui ont gardé l'espoir et qui ont su s'inscrire dans une énergie fertile.» «La présence dans une fiction marocaine du comédien tunisien Ali Esmili, dans le rôle de Malek, et celle de Safy Boutella, qui a signé la musique du film, mettent en valeur cette synergie dans le fait culturel qui permit, entre autres, la réussite de ce projet», a noté un observateur. Née à Casablanca, Selma Bargach étudie l'art et le cinéma expérimental à la Sorbonne, à Paris. Elle a réalisé des courts métrages avant de se lancer dans le long métrage et soutenu un doctorat sur le thème «Le statut et le rôle de la femme dans le cinéma marocain». Le premier Festival culturel maghrébin du cinéma d'Alger verra la projection de 15 courts métrages, 11 longs métrages et 9 films documentaires représentant, outre l'Algérie avec 11 productions, la Tunisie et le Maroc avec 10 productions chacun, en plus de la Mauritanie avec 4 productions. Le déroulement du festival, réparti sur deux salles, connaît quotidiennement la projection de quatre courts métrages et deux à trois longs métrages à la salle El Mouggar, sans compter une moyenne de deux documentaires par jour à la Cinémathèque d'Alger où sont également organisés tous les débats concernant l'ensemble des projections. Les jurys des trois sections, composés d'universitaires et de professionnels du cinéma au Maghreb, sont présidés par Lamine Merbah pour le long métrage, Rabah Laradji pour le court métrage et Fadéla Mehal pour le film documentaire. Dans la section longs métrages, l'Amayas d'or, plus haute distinction du festival, sera décerné à la meilleure fiction, ainsi que quatre autres prix qui récompenseront les meilleurs rôles masculin et féminin, le meilleur scénario et le prix spécial du jury. Les sections courts métrages et films documentaires seront, quant à elles, couronnées d'une seule distinction chacune, respectivement l'Amayas d'or et le grand prix du documentaire. Par ailleurs, une conférence sur le thème de la post-production et la numérisation des films est programmée en marge du festival. Le Festival culturel maghrébin du cinéma d'Alger se fixe pour objectifs de faire connaître au grand public les productions récentes des jeunes auteurs et cinéastes maghrébins en particulier, et de promouvoir et développer les échanges dans le domaine de la production cinématographique entre les pays du Maghreb.