Les événements s'accélèrent dans la vallée du M'zab. Hier, et selon plusieurs sources locales, les enfants mozabites n'ont pas rejoint les bancs des écoles publiques et privées. La décision a été prise par les animateurs de la cellule de suivi et de coordination des événements de Ghardaïa, à l'issue d'un conclave qui a eu lieu avant-hier à Beni-Izeguen. Abder Bettache -Alger (Le Soir) Le boycott de l'école par les enfants mozabites a été confirmé par des sources syndicales du secteur de l'éducation à l'instar du Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest), dont, selon son porte-parole Messaoud Boudiba, «plusieurs écoles des trois paliers ont été touchées par le boycott des enfants mozabites». Selon la même source, le phénomène a touché les établissements scolaires situés dans le chef-lieu de wilaya. «On ne sait pas combien de temps la grève va durer. La population vit dans la terreur et le stress», explique Kamel Dine Fekhar, militant des droits de l'Homme au site électronique TSA. Et d'ajouter : «Nous sommes prêts à prendre le risque d'une année blanche. Il faut que les agressions cessent. Moi-même, j'ai trois enfants scolarisés, qui ne sont pas partis et qui n'iront pas à l'école, tant que ça ne s'arrête pas.» Toutefois, et selon des sources sécuritaires, «la sécurité a été renforcée aujourd'hui sur les chemins menant vers les établissements scolaires et toutes les mesures préventives ont été prises pour réussir la reprise des cours». Cette évolution de la situation est intervenue quelques jours seulement après l'entrevue qu'a eue le Premier ministre avec une délégation de notables de la région, composée de représentants des communautés Ibadite et Malékite. Or, il semblerait que le plan de sortie de crise initié par le Premier ministre Abdelmalek Sellal ne semble pas avoir convaincu la communauté mozabite. Il est à noter que la cellule de suivi et de coordination des événements de Ghardaïa, nommément citée et plébiscitée par les notables, les Aâyanes et les citoyens mozabites de la vallée du M'zab, est composée de quatre membres — Babbaz Khodir, défenseur des droits de l'Homme, Sioussiou Mustapha, responsable de la commune de Ghardaïa de l'Union générale des commerçants algériens (UGCAA), Baba Oumoussa Mustapha, porte-parole de la Fédération locale du FFS, et Chkabkab Baba, représentant des Aayanes de la vallée du M'zab — a décidé de la poursuite de la grève. «Les propositions de Sellal sont tombées à l'eau», a pour sa part affirmé le responsable fédéral du FFS, Hamou Mesbah. Selon ce responsable, la cellule a également décidé, en collaboration avec les associations des parents d'élèves, d'interdire aux enfants d'aller à l'école, même privée, le premier jour de reprise des cours, en raison de l'absence de «sécurité». D'après Hamou Mesbah, cette cellule est la seule habilitée à parler au nom des Mozabites. « Ce sont les seules et uniques personnes mandatées par la communauté mozabite de la commune de Ghardaïa, pour parler en leur nom. Toute autre intrusion dans le débat est une imposture.» A rappeler par ailleurs qu'à l'issue de l'entrevue de jeudi dernier avec le Premier ministre, plusieurs décisions avaient été annoncées dont notamment la création au niveau des communes touchées par les affrontements entre les Mozabites et les Arabes d'un conseil de sages, un «espace d'arbitrage et de conciliation», «la distribution équitable et équilibrée de 30 000 lots de terrain», destinés à l'autoconstruction.