Par Maâmar Farah Outre le fait qu'elle intervient en retard, la réaction du gouvernement face aux événements de Ghardaïa manque terriblement d'imagination et évite de s'attaquer aux véritables causes de ces dérapages en série qui, s'ils ne sont pas contenus, risquent de mener vers le pourrissement. Quand l'autorité supérieure intervient pour régler un problème qui menace la sécurité et la stabilité du pays, son action est essentiellement politique. Les solutions basées sur la distribution d'argent et de biens matériels ne constituent qu'une fuite en avant qui ne règle absolument rien. Pour bien comprendre l'évolution de cette crise, il faut d'abord parler avec ces jeunes qui se battent dans la rue avec une violence inouïe. Ont-ils été manipulés ? Par qui ? Pourquoi ? Malheureusement, les débats initiés par Alger se font généralement avec des notables, des «sages», des chefs de tribus et de zaouïas qui ne peuvent, en aucun cas, constituer des interlocuteurs valables et surtout représentatifs. Car si le gouvernement se présente comme une autorité légitime, quoi qu'on dise, ses interlocuteurs se situent en dehors des institutions politiques républicaines. Comme si les autorités, les associations et les élus de la région n'existaient pas ! Finalement, à quoi servent les élections et tout l'édifice institutionnel si c'est pour aboutir à des pratiques dignes de l'Algérie tribale des siècles précédents ? La grande absente de ce débat crucial est la République. Pourvu qu'elle n'en soit pas aussi la grande perdante !