De notre bureau de Bruxelles, Aziouz Mokhtari Les Diables rouges sont refroidis par le maintien de Halilhodzic à la barre technique des Verts. Une crise à l'algérienne à la veille de la Coupe du monde était bonne à savoir. Et à prendre... Pour autant, se faire le traducteur des propos charlatanesques d'experts bidon appelant à fusiller sur-le-champ le sélectionneur national est un exercice pénible... Ce fut, pourtant, fait. Mea culpa. Avec des collègues belges, nous avons suivi, par un hasard «contrôlé», mon zapping s'arrêtant net sur une télé privée accordant la parole à Mehdaoui. Ex-entraîneur national, hâbleur infatigable et distribuant les expertises comme les pères Noël en pays chrétiens la nuit de Noël. Ce Mahdaoui donc défiant les lois de la nature, les principes de la physique, les raisonnements et voire même les énoncés de la mathématique, s'opposant au bon sens paysan et à la ruse-intelligence urbaine, ce Mahdaoui donc assène : «Il n'y aura pas de problème si Halilhodzic est débarqué de son poste avant la Coupe du monde.» Effaré, estomaqué, dans les vapes pendant un long moment, je suis réanimé par les collègues belges, qui voulaient une traduction fidèle et rapide des propos de M. Mehdaoui. Ce qui fut fait avec tristesse et «hachma» de ma part tant les assertions de l'ex étaient insoutenables. Les Belges de la plume et du verbe, vrais journalistes spécialisés donc, sachant quoi écrire et dire n'en reviennent pas. L'un d'eux résume ainsi la chose Mehdaouiene ou la pensée de Mehdaoui avant le Brésil-2014 : «C'est sans doute le seul technicien au monde, peut-être même le seul supporter dans l'univers qui peut prétendre qu'un départ de l'entraîneur national quelques instants avant une échéance capitale ne pose pas de difficultés.» «Heureusement pour vous et malheureusement pour nous, poursuit-il, que la Fédération algérienne n'a pas suivi, c'eût été pour les Belges, les Russes et les Coréens un régal, le groupe H aurait été amputé et se jouerait à trois, l'Algérie ayant été, de facto, hors course, hors piste...» En effet, comment peut-on, décemment, prétendre qu'une crise avec rupture de contrat de Halilhodzic, perturbations plurielles, choix aléatoire des sélectionnés par l'arrivant, parce qu'il ne connaît pas les joueurs, une sélection divisée entre pro et anti-Vahid, colère des Algériens, en plus, évidemment, des feux des projecteurs braqués non plus sur le mythique Tchaker de Blida mais des frasques et remous de la sélection nationale... Raouraoua a soutenu, relevons-le, Halilhodzic au moment où les escrocs de tout acabit, intra et extra-muros du football algérien voulaient la tête de Halilhodzic après la Coupe d'Afrique ratée des Verts. Courageusement et contre le sens des vents annonçant, alors, le sacrifice du Bosnien, Raouraoua avait tenu bon et a maintenu l'entraîneur national. Des mois ont passé, quelques hivers et quelques étés, que s'est-il donc passé pour que la tête du coach soit à nouveau mise à prix ? Une non-prolongation du contrat après la Coupe du monde ? Et après ? Une légitime angoisse de la FAF qui ne veut pas brader la Coupe d'Afrique prochaine au Maroc ? Oui, c'est vrai, c'est une réflexion à avoir et Raouraoua l'a eue à haute voix et a rendu publique la divergence entre lui et Halilhodzic. Brèche dans laquelle s'engouffrent canardeurs, charlatans, vendeurs d'illusions, pyromanes, revanchards de tous bords et de tout acabit, experts khorotov et voleurs d'espérance. Comme un seul homme, tous ces gens-là qui conseillent, qui souhaitent, qui ordonnent le départ, la fin de carrière, le licenciement et le bannissement de celui qui a qualifié l'Algérie au Brésil. Pourtant, Raouraoua a toujours estimé que Halilhodzic était et restait à la tête des Verts et qu'il lui a été proposé une prolongation jusqu'à 2016. Les négociations butaient sur la date-butoir pour la réponse de Halilhodzic. Ce dernier, «redjla», qualité que les Algériens devraient apprécier, tête dure, voire tête de mule, rude Bosnien, élevé dans les dures écoles de la tragédie des Balkans, de l'exil, et traumatisé par son expérience en Côte-d'Ivoire, se blinde, tombe dans le piège tendu par les officines du malheur, les contrebandiers du ballon rond et les bandits déguisés en connaisseurs de la chose footballistique. Halilhodzic, la langue pas dans la poche, sanguin, riposte maladroitement à plusieurs reprises. Il donne l'impression d'être au bout du rouleau, fatigué et stressé par son expérience algérienne.