L'Algérie tente de rattraper le temps perdu et s'implique activement dans la recherche d'une solution durable à la crise malienne, à travers une aide à la relance d'un dialogue inclusif entre les différentes parties au conflit. Des mouvements armés ayant activé dans le Nord-Mali sont, à leur demande, en consultations avec les autorités algériennes, depuis le 15 janvier dernier à Alger. Sofiane Aït Iflis — Alger (Le Soir) L'information n'avait pas couru les rédactions algéroises, donnant aux tractations encore le cachet de consultations secrètes. Mais la visite de deux jours du Président malien Ibrahim Boubacar Keita en Algérie devait nécessairement les sortir à la clarté du jour. Et c'est fait lors de la conférence conjointe des deux ministres des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra et son homologue malien, Zahadi Ould Sidi Mohamed. La confirmation est venue d'abord du ministre malien des Affaires étrangères qui a paru très à l'aise à évoquer l'existence de ces consultations. D'ailleurs il a nié que ce soient des négociations secrètes. Son gouvernement a été informé par le gouvernement algérien dès que les mouvements armés maliens ont fait leur demande de se concerter à Alger. Et il le dit. «Il n'y a pas de négociations secrètes, ni d'agenda caché. Les mouvements armés ont, de leur propre volonté, demandé aux frères algériens de les aider à préparer la plate-forme pour les négociations lors du dialogue intermalien qui aura lieu à Bamako. Ils ont fait la demande au gouvernement algérien qui a tout de suite informé le gouvernement malien. La démarche algérienne vise à faciliter le dialogue intermalien. Elle s'inscrit dans le parachèvement des accords de Ouagadougou», a répondu, sans hésitation, Zahabi Ould Sidi Mohamed. Le ministre algérien des Affaires étrangères est allé, de son côté, dans le même sens, précisant, lui, qu'il s'agit pour le moment de consultations exploratoires. «Ce sont des consultations exploratoires qui visent à la relance du dialogue intermalien qui doit être abrité par Bamako. Les discussions sont très positives et très prometteuses. D'autres étapes vont suivre. Il n'y a pas de limite à la liste des participants.» Ramtane Lamamra, qui a démenti les rumeurs selon lesquelles le MNLA ne serait pas partie prenante des consultations en cours, a insisté pour dire qu'outre le gouvernement malien, l'ensemble des institutions internationales et organisations impliquées dans le processus de paix au Mali sont informées, à commencer par les 5 membres du Conseil de sécurité de l'ONU, la Minusma, la Cédéao et l'Union africaine. «Même le MNLA est à Alger. Il a raté la plénière du 16 janvier mais il a, par ailleurs, signé des relevés de conclusion.» Le ministre malien des Affaires étrangères a, pour sa part, dit trouver tout à fait normal que certains mouvements hésitent à prendre part aux consultations. Il s'est dit convaincu qu'ils finiront par s'y associer. Zahabi Ould Sidi Mohamed a affirmé, par ailleurs, que le gouvernement malien soutient ces concertations menées par le gouvernement algérien avec les mouvements armés maliens. S'agissant de la situation qui prévaut dans le nord du Mali, il a affirmé que «les djihadistes n'ont pas une position inaccessible aux forces maliennes et à leurs partenaires internationaux». Relativement aux otages algériens détenus par le Mujao, Ramtane Lamamra a soutenu qu'ils «sont en vie» et qu'il espère leur libération le plus rapidement possible. Il a nié aussi l'existence de drones américains qui survoleraient les territoires algérien et tunisien.