La conciliation, plutôt la réconciliation des mémoires entre l'Algérie et la France est-elle possible ? La problématique est d'actualité alors que les tentatives de réchauffement des relations bilatérales se poursuivent encore. Cette problématique a été justement abordée lundi soir, à l'Institut français d'Alger lors d'un débat qui a réuni le politologue, sociologue et historien Alfred Grosser, le sociologue Dominique Wolton, l'écrivaine et militante féministe Wassyla Tamzali et l'historien et universitaire Benjamin Stora. Un débat qui a coïncidé avec le lancement du magazine AlgerParis, qu'édite l'agence de presse All Contents, un bimestriel qui poursuit la démarche d'interculturalité impulsée avec le magazine ParisBerlin. Ainsi, le politologue Alfred Grosser, spécialiste de la relation franco-allemande, mettra en avant la capacité de «surmonter» les antagonismes résultant du passé, de ne pas renier ses identités mais savoir «transformer la négativité du passé en quelque chose de positif», bien connaître l'autre... Evoquant la question de l'identité, le sociologue Dominique Wolton posera le problème de s'insérer dans la mondialisation, tout en «organisant la cohabitation» entre les identités culturelles collectives, respectant les diversités culturelles et linguistiques et en valorisant les langues maternelles. Appelant à une «responsabilisation» commune entre les deux peuples, l'écrivaine Wassyla Tamzali soulèvera, quant à elle, la question d'une mémoire, certes douleureuse mais néanmoins créatrice, la nécessité de «capitaliser» la proximité, le rapport «tout-à-fait exceptionnel» entre les Algériens et les Français. Des approches avec lesquelles le professeur d'université et historien Benjamin Stora ne divergera pas totalement, mettant notamment en avant la nécessité de penser le rapport algéro-français, de le construire, sans omettre la problématique de la gestion des archives communes, d'une meilleure connaissance mutuelle entre les deux sociétés de leur histoire, de leurs histoires. Des dimensions que la dynamique de consolidation des relations algéro-françaises est appelée à prendre en compte, au-delà des aspects d'ordres politique, économique et social.