Qu'en est-il sur le terrain ? L'appel à la grève lancé par les syndicats a-t-il été suivi ? Si c'est le cas : quels sont les professeurs et établissements grévistes ? Petit tour d'horizon, hier matin, dans quelques établissements scolaires d'Alger-centre et de Bab-El-Oued, résultat : point de grévistes rencontrés ! Saâdia Gacem - Alger (Le Soir) Lycée Frantz-Fanon, «ils ne font jamais grève ici !» dit-on. Collège Rachid-Haroun, «nous, on travaille pour le drapeau, pour El Watan !», déclare une enseignante, «les cours sont maintenus, y a pas de grévistes ici». Les écoles primaires Mohamed-Hamdi et Aïssa-Kouissa, «je pensais que c'était seulement les lycées qui faisaient grève ? Non, ici ils ne font pas grève, les élèves ont eu cours normalement», dit une maman rencontrée devant le portail de l'école. Une autre mère présente ajoute : «En fait, ce sont les Facs qui font grève, non ?» Le lycée Omar Racim, Alger, ne fait pas grève non plus. Collège les 5-Innocents, nous rencontrons une femme de service et la surveillante générale : «Non, on ne fait pas grève ici, de toute façon, on ne fait jamais grève. Les professeurs et les personnels de service sont bien sûr libres de le faire mais ils font cours, ils disent qu'ils ne veulent pas prendre de retard sur le programme». Elle ajoute que l'appel à la grève n'est qu'«une propagande de la part des journalistes». La femme de service précise qu'elle est dans cet établissement depuis le temps des sœurs et qu'elle n'a jamais fait grève et ne va sûrement pas commencer aujourd'hui. Elle ajoute ne pas se sentir représentée par les syndicats et que les revendications ne la concernent pas. Même constat à Bab-El-Oued, pas de grévistes aux lycées Emir Abdelkader et Okba. «Allez voir à El Harrach, là-bas, c'est sûr ils doivent faire grève», lance un agent de sécurité. Aucun professeur à l'extérieur, «ils sont tous dans leur classe», annonce une lycéenne devant le portail. Lorsque nous demandons à rencontrer les professeurs au sein de l'établissement, cela nous est refusé, «il vous faut une autorisation du ministère !» Cet appel à la grève avait été lancé par le Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest) et l'Union nationale des professionnels de l'éducation et de la formation (Unpef), suite à la séance de travail ayant regroupé les membres du bureau national du Snapest et des représentants de la tutelle qui s'est, selon le syndicat, terminée, «sur de simples promesses verbales de la tutelle et sans aucun résultat palpable concernant nos revendications». Ce petit tour d'horizon, certes incomplet et partiel ou partial, nous a malgré tout permis de constater qu'il existe de grandes confusions, une désinformation et un non-suivi de l'appel à la grève lancé par les syndicats, tant au niveau des enseignants et professeurs qu'au niveau du personnel de service et de la sécurité. Cet appel à la grève semble à première vue être resté lettre morte, en tout cas au niveau des établissements visités.