Des insuffisances dans la préparation et exécution des grandes projets d'infrastructures économiques et sociales «persistent», note le ministre des Finances, Karim Djoudi, qui a ouvert hier une rencontre intersectorielle. Chérif Bennaceur - Alger (Le Soir) - Rappelant l'ampleur des projets d'investissements visant à développer les services publics, lancés depuis 2001 et pour lesquels d'importants engagements financiers ont été consentis par l'Etat, Karim Djoudi a mis en avant le respect des règles de rationalité et d'efficacité, de rentabilité économique et de la conformité avec les normes admises. Certes, une approche de programmation pluriannuelle sur la base de stratégies sectorielles est privilégiée, indique notamment le ministre des Finances, soucieux d'une efficience accrue de la dépense publique et qui évoque par ailleurs la modernisation du système budgétaire. Karim Djoudi relèvera ainsi qu'une démarche de coordination et de cohérence a été impulsée au niveau des grands secteurs infrastructurels, des performances sont attendues en matière de gestion, le contrôle de la dépense publique est renforcé et une évaluation normative est escomptée. Toutefois, le ministre des Finances observe que «certaines insuffisances, voire des lacunes persistent, particulièrement en matière de préparation et d'exécution des projets. Ce qui se traduit systématiquement par un allongement des délais et implique, en dernière instance, des réévaluations des coûts de réalisation».. Les anomalies dans la conduite des projets A l'occasion de cette rencontre intersectorielle, le directeur général de la Caisse nationale d'équipement pour le développement (CNED), Amar Grine, a ainsi considéré que les dérives de coût, l'allongement des délais et autres insuffisances dans l'exécution sont notamment liés à «l'environnement des projets, à des problèmes de coordination, de libération d'emprises...». Rappelons que la CNED, créée en 2004 et active depuis 2007, est un établissement public sous tutelle du ministère des Finances et en charge tant d'une mission d'assistance technique au service des maîtres d'ouvrage chargés des grands projets que l'amélioration de l'efficience de la dépense publique. Plus explicite, la directrice des infrastructures de transport à la CNED, Mme Ayadi Radhia, relève les anomalies liées à des aspects d'ordre réglementaire et de procédure mais aussi relativement aux revues des études et aux suivis de la réalisation. Il s'agit notamment de l'insuffisance des études géotechniques et géologiques, de l'insuffisance des études de clientèle et des analyses économiques et financières et du surdimensionnement de projet. Mais aussi de l'inadéquation du délai de réalisation avec l'importance du projet et du maintien de l'option d'une infrastructure nouvelle malgré la non-rentabilité économique et l'opportunité non avérée du projet. Egalement, l'on fait état du lancement des projets sur la base d'études non maturées, l'installation du bureau d'études pour le suivi et le contrôle des travaux bien après le démarrage des travaux, le manque de suivi des mesures environnementales, le non-respect du plan de passation des marchés dans le lancement des travaux... Pourtant, des améliorations sont constatées Certes, des réévaluations enregistrent une certaine «tendance baissière», observe le dg de la CNED qui note une meilleure maîtrise. En effet, des mesures sont à l'oeuvre pour «réfréner» cette propension aux surcoûts, voire davantage d'efficacité est constatée et les études de maturation sont mieux élaborées et menées, indique ce responsable. Une amélioration patente notamment durant les deux dernières années, d'autant que les différents secteurs infrastructurels disposent d'un guide de management des grands projets, élaboré en 2010 par la CNED avec la collaboration de la Banque mondiale et portant sur les modalités de maturation, suivi de la réalisation et l'évaluation prospective. Un guide et des prescriptions dont l'application par les maîtres d'ouvrage avance de manière progressive, constate-t-on, même si des efforts restent encore à déployer. Ainsi, la CNED qui suit un portefeuille global de 4870 milliards de dinars et qui a traité 68 projets en revue d'études et 46 projets de suivi de réalisation (travaux publics, transports, ressources en eau, aménagement du territoire, ainsi que certains grands projets de construction relevant d'autres secteurs...), a enregistré une économie de 32 milliards de dinars. Soit l'équivalent de 40 km d'autoroutes ou 18 km de lignes de tramway, note la directrice des infrastructures de transport à la CNED. Elle évoque dans ce contexte, l'amélioration de la qualité des dossiers reçus et l'implication des entreprises et opérateurs de réalisation durant le déroulement des projets. En outre, la CNED a contribué à la résolution des situations de blocage sur des projets en cours de réalisation, la mise en place d'outils règlementaires ainsi que le lancement de procédures d'alerte, en vue de la redynamisation de certains projets ayant connu des dérives de coût et de délais.