Dernier baroud d'honneur de quelqu'un qui n'a plus rien à perdre ou début d'une nouvelle mission pour l'atypique Amar Saâdani ? La sortie, hier lundi, du très controversé patron du Front de libération nationale aura été, sans doute, le coup le plus spectaculaire de ses dernières années : s'attaquer de front, on le nommant, au patron des services de renseignements en exercice. Avec de graves accusations ! Kamel Amarni - Alger (Le Soir) Dans sa surprenante interview publiée hier par le site électronique TSA, impute au général de corps d'armée, Mohamed Médiène dit Tewfik tous les maux dont souffre le pays depuis deux décades ! Au mieux, il l'accuse de graves négligences au plan sécuritaire dans un discours frisant avec «le qui-tue-qui ?». Même du temps de feu Abdelhamid Mehri, l'on n'est jamais allé aussi loin ! Mais pour comprendre cette sortie de Saâdani, il est nécessaire de rappeler les circonstances de son avènement à la tête de la première force politique du pays. Contre vents et marées, Bouteflika l'impose de force comme secrétaire général du FLN, le 29 août 2013. A la même période, des changements sont opérés au niveau de ce département sensible qu'est le DRS, dont les instruments les plus importants sont mis sous tutelle directe de l'état-major de l'ANP, de Gaïd Salah donc, lui-même renforcé à la tête de l'armée dont il devient l'homme fort depuis le 11 septembre 2013, à la faveur du dernier remaniement ministériel. L'actuel chef d'état-major de l'ANP cumule depuis, du chef opérationnel et de ministre délégué à la Défense nationale. Ce qui lui confère un pouvoir et une position dominante sur l'institution comme aucun autre patron de l'armée depuis Khaled Nezzar. Dès lors, l'axe Bouteflika-Gaïd Salah détient l'essentiel du pouvoir, davantage avec les autres changements poursuivis à la tête des directions des services de sécurité et la mise à l'écart des hommes les plus proches du général Toufik. Et pendant ce temps, quel a été le discours du SG du FLN, par ailleurs qu'on dit proche de Gaïd Salah ? Eh bien, deux thèmes et rien d'autre : un quatrième mandat pour Bouteflika et des attaques incessantes et allant crescendo, contre les services ! Curieusement, ni Gaïd Salah, ni l'état-major n'a jamais été ciblé par Saâdani. De la même manière qu'à aucun moment, le ministère de la Défense n'a jugé utile de rappeler à l'ordre Amar Saâdani ! Le département de Gaïd Salah avait pourtant réagi, ces derniers mois pour beaucoup moins que cela, y compris à de simples écrits de presse. «Nous avons ramené Amar Saâdani pour mettre de l'ordre au FLN et il a réussi à mettre du désordre dans tout le pays», nous révélait une source très bien informée, il y a quelque jours. Il était même question de sa destitution, mais le choix de son successeur, à savoir Abdelaziz Belkhadem, ne faisant pas l'unanimité au sein des membres du Comité central, le pouvoir a préféré temporiser. Pour le moment ? Il est désormais clair en effet que, des suites que le ministère de l'Intérieur donnera à la demande officiellement déposée par les opposants à Saâdani pour la convocation d'une session extraordinaire du Comité central, sera décelée la position de l'axe Bouteflika-Gaïd Salah par rapport à l'irresponsable sortie de ce lundi, mais surtout, à l'encore actuel patron des services...