Seconde interpellation de Louisa Hanoune en direction de Bouteflika. Le contexte marqué par la sortie médiatique de Amar Saâdani fait dire à la secrétaire générale du Parti des travailleurs que les courtisans de Bouteflika «le soutiennent comme on soutient la corde d'un pendu» et qu'ils lui réservaient «une fin politique tragique». Nawal Imès - Alger (Le Soir) C'est la deuxième fois que la secrétaire générale du Parti des travailleurs s'adresse directement au président de la République. Après lui avoir demandé de clarifier ses intentions politiques, la secrétaire générale du Parti des travailleurs s'adresse à Bouteflika dans un contexte de crise politique qui, dit-elle, est encore plus grave que celui de l'été 1962. Au premier magistrat du pays, elle dira que «vos courtisans vous mentent et vous soutiennent comme on soutient la corde d'un pendu. Ils vous réservent une fin politique tragique». Et Hanoune d'ajouter : «Vous êtes responsable et comptable devant la nation. Parlez afin que votre silence ne soit pas interprété comme un cautionnement. Parlez pour stopper l'engrenage de la fitna. Vous êtes ministre de la Défense, président d'honneur du FLN et président de tous les Algériens et vous êtes responsable de l'unité des rangs jusqu'à l'annonce des résultats de la prochaine élection.» La secrétaire générale du Parti des travailleurs qui animait hier une conférence de presse s'est dite particulièrement inquiète depuis la sortie médiatique du secrétaire général du FLN. Les propos de ce dernier ne sont ni plus ni moins qu'une attaque frontale contre l'intégrité de la nation et un «saut qualitatif» en direction de la dislocation de l'Etat algérien. Hanoune pointe du doigt «une partie» des partisans du quatrième mandat qu'elle accuse de vouloir tout mettre en œuvre pour réussir leur projet, quitte à mettre l'Algérie à feu et à sang. Hanoune est formelle. «Il est clairement établi actuellement qu'un saut qualitatif a été franchi en direction de la dislocation de l'Etat. Il est l'œuvre d'une partie de ceux qui soutiennent le quatrième mandat et qui sont prêts à mettre le pays à feu et à sang pour préserver leurs privilèges et les élargir», dit-elle et d'ajouter que «la politique, tout comme la nature, a horreur du vide et nous assistons actuellement à un processus menant droit vers le chaos». Pour Hanoune, si l'état de santé de Bouteflika lui permettait de briguer un quatrième mandat, qu'il le fasse sinon son parti n'était pas disposé à accepter «une présidence par procuration», se demandant si le Président était au courant de ce qui se tramait au nom du quatrième mandat et les dangers qui en découlent et appelle à la cessation de la campagne politique en faveur du quatrième mandat car elle est «frauduleuse» et anti-constitutionnelle tout comme la campagne de collecte de signatures en faveur de Bouteflika qui n'a rien dévoilé de ses intentions. La secrétaire générale du Parti des travailleurs n'a pas caché hier sa grande inquiétude de la tournure que prennent les événements, depuis les déclarations du premier responsable du FLN qui, dit-elle, sont une arme dont seraient ravis de se servir les pays qui souhaitent impliquer l'Algérie dans les conflits armés régionaux. Les propos de Saâdani ne seront, dit-elle, certainement pas sans conséquences sur le pays. C'est pour tenter d'en diminuer les dégâts collatéraux que Hanoune appelle le président de la République à rompre «son silence mortel» et à mettre fin au «régime de la rumeur».