Avec son album Wicqa, sorti en 2010, Mohsa se faisait remarquer par sa voix et son style singulier. De son vrai nom, Mohand-Saïd Achab, Mohsa nous revient avec une nouvelle cuvée qui vient juste de sortir des presses, au début de cette année 2014. Id a-dwas (le jour et la nuit) est le titre de cet opus aux allures de fausse suite, presqu'une variation sur les mêmes rythmes et thèmes musicaux que le premier. Malgré des choix instrumentaux quelque peu dominés, à notre sens, par l'usage de sons de synthèse (un peu plus d'acoustique n'aurait pas été de trop !), le nouvel album de Mohsa est d'une étonnante maturité mais qui — ô paradoxe ! — est en passe de connaître le même destin que l'album précédent, c'est-à-dire une audience quasi confidentielle, un succès d'estime qui ne va pas au-delà des cercles d'initiés et de puristes. Pourtant, dans cette compilation de onze titres, issus d'un travail collaboratif et portant une même empreinte collective sur le plan de l'écriture musicale et des textes que le premier CD, il a de quoi séduire et accrocher l'âme et l'esprit. Des morceaux, comme Lassata, wicqa de l'album éponyme, et Aqliyi wahdi, Sam ou encore Fadhma tirés des onze plages que compte la cuvée 2014, sont des chansons qui allient la qualité instrumentale, la mélodie épurée et des textes qui racontent la vie, avec émotion et tendresse. Des chansons d'inspiration intimiste qui s'écoutent comme on effeuille les pages d'un livre qui s'ouvre sur des fragments de vies, des histoires et d'autres sujets de société. De chanson en chanson, on plonge dans une atmosphère et des émotions enveloppant un florilège de thèmes qui disent l'amitié, la solitude, la nostalgie et le besoin d'empathie comme dans Aqliyi wahdi, (je suis seul)... Poursuivant ses méditations musicales, spirituelles et intimistes, malgré une œuvre qui reste modeste en nombre (deux albums en quatre ans), Mohsa ne veut pas faire le choix de la facilité et veut s'inscrire dans la lignée des chanteurs à textes qui veulent dire des choses, à l'instar du chanteur Si Moh qui reste, visiblement, un modèle pour notre artiste qui, au risque de déplaire et de ne pas accrocher les inconditionnels des catégories stylistiques en vogue et à la mode, poursuit son bonhomme de chemin en faisant la musique qu'il aime. Mais retenons bien son nom : Mohsa finira bien un jour par convaincre le plus grand nombre et accrocher de très larges pans du grand public.