La femme a participé à la libération de l'Algérie autant que l'homme. Une vérité incontestable. Zobida Maamaria, écrivaine, qui intervenait hier, lors du forum d'El Moudjahid, dénonce «un véritable déni de l'Histoire». Salima Akkouche - Alger (Le Soir) «Elles étaient des poseuses de bombes, elles ont pris les armes, ont été condamnées à mort, elles ont côtoyé les couloirs de la mort et elles étaient parfois plus courageuses que les hommes.» La femme a porté le combat de la libération du pays autant que l'homme, mais personne n'en parle, dénonce l'écrivaine Zobida Maâmaria. L'invitée du quotidien El Moudjahid qui est venue apporter son témoignage sur le combat des femmes dans la libération du pays se dit outrée. «Personne ne peut nier la participation effective de la femme dans la libération de l'Algérie», a-t-elle martelé. Il y a un déni et on veut dénier la participation de la femme dans le combat, on veut diminuer de sa puissance. Djamila Bouhired n'est plus l'héroïne de l'Algérie mais un symbole du monde arabe. Aujourd'hui, le discours officiel, lui, remet en cause cette réalité en ne citant aucune femme», a dénoncé l'intervenante. «Avec le discours fait par la partie française, si nous-mêmes, nous nous mettons à nous faire du mal, alors c'est comme ajouter de l'eau au moulin», a souligné la conférencière. Elle a voulu parler de la première femme martyre morte les armes à la main lors d'un accrochage avec les forces coloniales un 19 novembre 1954. Comme par hasard, dit-elle, cette femme s'appelait Dzaïr Ben Mohamed Chaïb. Native de la wilaya de Souk Ahras, Dzaïr était dans les rangs de Badji Mokhtar qui a constitué un dépôt d'armes dans les fermes de la famille Chaïb et apprenait aux jeunes comment manipuler les armes. Mme Maamaria a également évoqué un autre fait de l'histoire dont, dit-elle, personne ne parle. Il s'agit de la bataille du 25 avril 1958 où plus de 600 moudjahidine ont trouvé la mort. Elle a rappelé que ce jour-là, les deux groupes de moudjahidine qui allaient entrer en Tunisie et ceux qui devaient enter en Algérie étaient encerclés aux frontières. Pour riposter, les forces coloniales ont décidé de bombarder toute la ville de Souk Ahras. «La France peut tout dire, qu'elle n'a rien fait et n'a pas tué et à la limite elle nous a donné l'indépendance mais si nous, nous ne parlons pas, il ne faut pas pleurer par la suite», estime l'écrivaine qui appelle à réparer tous ces oublis.