La lutte contre la corruption devrait être un des principaux thèmes de la campagne des candidats à l'élection présidentielle du 17 avril. Les partisans du quatrième mandat auront des difficultés à convaincre les électeurs, la corruption s'étant institutionnalisée durant les trois mandats de Abdelaziz Bouteflika. Tarek afid - Alger (Le Soir) Que prévoient les candidats pour lutter contre la corruption ? Abdelaziz Belaïd, qui participe pour la première fois à une élection présidentielle, place le pouvoir judiciaire au centre de ce combat. «Il est nécessaire que les magistrats soient réellement indépendants, ils ne doivent plus répondre aux injonctions des hommes politiques qui sont eux, les personnalités les plus impliquées dans les affaires de corruption. Pour cela, il est impératif de mettre le Conseil supérieur de la magistrature hors de portée du pouvoir exécutif. Dans mon programme, je propose que les magistrats soient élus par leurs pairs dans les postes de responsabilité au sein des cours et des tribunaux. Ce système électif assurera une indépendance réelle de la justice et permettra aux professionnels du droit de lutter contre la corruption sans subir de pression», explique le président du Front El Moustakbal. Belaïd prévoit d'autres mesures, notamment l'interdiction du «gré-à-gré dans les passations de marchés publics». De son côté, le candidat Ali Benflis envisage de lancer un «pacte national contre la corruption». «La lutte active contre la corruption est un des principaux axes du programme de Ali Benflis. Sa concrétisation passe par une initiative consensuelle. C'est l'objectif du pacte national», assure Lotfi Boumghar, directeur de la communication de ce candidat. «Le pacte prévoit un renforcement du pouvoir de contrôle de la Cour des comptes et de l'Inspection générale des finances ainsi que des organes chargés des investigations tels que la Cellule de traitement financier et de l'Office national de lutte contre la corruption. Il est également nécessaire de garantir la possibilité aux magistrats de s'autosaisir lors de soupçons d'actes de corruption», note Boumghar en insistant sur les principes «d'indépendance de la justice et d'accès des journalistes aux sources d'information». Pour ce qui est de Abdelaziz Bouteflika, il nous a été impossible, hier, d'obtenir des informations sur les mesures que compte engager ce candidat pour lutter contre la corruption. Abdeslam Bouchouareb, son directeur de la communication, était injoignable pour cause de «réunion». Mais il est évident que les pro-quatrième mandat ne pourront développer d'argumentaire cohérent pour convaincre durant la campagne électorale. La corruption— au même titre que la santé de Abdelaziz Bouteflika — est un des principaux points faibles du Président-sortant. Les scandales de la Sonatrach, de l'autoroute Est-Ouest, du groupe Khalifa ou encore de la Générale des concessions agricoles sont connus de toute l'opinion publique. Mais la liste est loin de se limiter à ces quatre grosses affaires. Elle est longue, très longue. On peut citer, pêle-mêle, des dossiers dans les secteurs de la pêche, de l'agriculture, des travaux publics et dans la santé. Et la liste des hautes personnalités politiques impliquées dans ces scandales est tout aussi longue. Et ce n'est certainement pas Ahmed Ouyahia qui dira le contraire. L'ancien chef de l'Exécutif — que les pro-quatrième mandat ont décidé d'impliquer dans cette campagne au même titre que son «allié» Abdelaziz Belkhadem — avait reconnu, quelques mois avant son limogeage du gouvernement et du RND, que «l'argent commande et commence à gouverner en Algérie».