Le Conseil constitutionnel ne dispose plus que de quelques jours pour statuer sur le sort des candidats à la présidentielle du 17 avril. Une lourde responsabilité pèse sur les épaules des membres de cette institution qui auront à confirmer ou non la participation de Abdelaziz Bouteflika. Tarek Hafid - Alger (Le Soir) La phase de dépôt des dossiers ayant pris fin le 5 mars, à 1 h du matin (à cause de la mésaventure de Rachid Nekkaz), le Conseil constitutionnel dispose de dix jours pour valider la liste des candidats qui prendront part à l'élection présidentielle du 17 avril. Mais les membres de cette institution sont confrontés à un problème épineux: valider ou pas la candidature de Abdelaziz Bouteflika. Le président sortant et son cercle ont certes mis en place des mécanismes administratifs «solides» pour garantir un 4e mandat, mais le mot de la fin revient au Conseil constitutionnel. Dans une interview accordée jeudi dernier à Liberté, Me Ali yahia Abdennour a posé clairement la problématique. «Bouteflika ne peut être candidat à l'élection présidentielle du 17 avril 2014, que s'il présente au Conseil constitutionnel un certificat médical attestant que son état physique lui permet d'assurer sa fonction. Quelle équipe médicale peut, en son âme et conscience, délivrer un tel certificat médical à un malade hospitalisé durant 80 jours au Val-de-Grâce et aux Invalides à Paris et qui gère le pays par délégation et procuration ?» Car la maladie du Président est une réalité. Les dernières images de Abdelaziz Bouteflika diffusées par la télévision publique montraient un homme usé, fatigué, incapable de prononcer une phrase. Bouteflika s'est même trompé en citant en référence l'article 32 du code électoral. Une disposition qui n'a absolument rien à voir avec la déclaration officielle de candidature mais concerne... les caractéristiques techniques des bulletins de vote. Erreur impardonnable pour une personnalité politique qui se présente à une élection présidentielle pour la quatrième fois consécutive. Le montage vidéo de la télévision ne pourra en rien rendre la santé au chef de l'Etat. Il est évident que Bouteflika a joint un certificat médical délivré par des médecins assermentés attestant de sa santé «physique et mentale» afin d'assumer les fonctions de chef de l'Etat pour un mandat de 5 ans. Et seuls les membres du Conseil constitutionnel ont les prérogatives pour authentifier ce document. Leur qualité de juge constitutionnel les dote du pouvoir nécessaire pour vérifier toutes les pièces figurant dans les dossiers des candidats. Car face à cette situation inédite, il revient au Conseil constitutionnel de faire œuvre de jurisprudence. Les membres de cette juridiction inerte (elle ne peut s'autosaisir) étaient dans l'impossibilité d'appliquer l'article 88 de la Constitution pour déclarer l'état de vacance du poste de président de la République. Cette disposition aurait dû être prise par le représentant du pouvoir exécutif, le Premier ministre en l'occurrence. Mais Abdelmalek Sellal ne l'a pas fait. Après avoir comparé Abdelaziz Bouteflika à Angela Merkel, Abdelmalek Sellal se prépare à prendre, pour la troisième fois consécutive, la casquette de directeur de campagne du candidat-Président. L'avenir de l'Algérie se joue au boulevard du 11-Décembre-1960. Il est entre les mains de Mourad Medelci, Hanifa Benchabane, Abdeldjalil Belala, Brahim Boutkhil, Hocine Daoud, Abdenour Graoui, Mohamed Dif, Ismaïl Balit et Faouzya Benguella, les neuf membres du Conseil constitutionnel.