La perquisition et la saisie du matériel opérées à la chaîne de télévision AlAtlas dans l'après-midi de mardi dernier par des éléments de la Gendarmerie nationale en tenue civile sur mandat du parquet d'Alger n'ont pas été sans susciter des réactions parmi la classe politique, les candidats à la présidentielle du 17 avril prochain et la société civile. Mohamed Kebci - Alger (Le Soir) Pour le candidat Ali Benflis, qui dénonce avec vigueur «cette atteinte grave à la liberté d'expression et cette nouvelle tentative de saper les fondements d'un pluralisme médiatique balbutiant dans notre pays et qui menacent davantage le droit du citoyen à l'information», cette action «d'intimidation» s'inscrit malheureusement dans un climat délétère qui «fait planer de sérieuses suspicions sur la transparence et la régularité du prochain scrutin présidentiel». L'ancien chef de gouvernement appelle à une mobilisation de tous les instants pour, dit-il, «préserver des acquis que le peuple algérien a pu arracher au prix d'énormes sacrifices» et demande à tous les acteurs politiques et de la société civile de «faire preuve de vigilance pour contrecarrer les desseins visant à faire taire toutes les voix discordantes et à nier le droit légitime à la différence». De son côté, la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme (LADDH) soutient avoir a appris avec «stupeur la perquisition et la saisie du matériel opérées à la chaîne de télévision AlAtlas», ceci même si elle dit ignorer «tout comme les dirigeants de ladite chaîne les faits qui leur sont reprochés ainsi que les auteurs d'une éventuelle plainte». Pour la LADDH, qui considère que seul un organe de régulation tel que prévu par la loi sur l'audiovisuel est légalement habilité à examiner les éventuels manquements aux règles édictées par ladite loi, «dénonce ces atteintes à la liberté d'expression et appelle à la suppression de l'état d'urgence de fait imposé par le pouvoir à l'encontre de l'exercice des libertés individuelles et collectives». Côté classe politique, le mouvement Islah a tenu à «condamner cet acte qui porte atteinte à la liberté de la presse consacrée constitutionnellement». «Ce qui est arrivé à la chaîne AlAtlas est un acte contraire à la démocratie et exprime la peur et la crainte du pouvoir de l'avis contraire, ce qui fragilise leur "argument" devant l'opinion publique nationale et internationale», affirme son secrétaire général, Mohamed Djahid Younsi qui appelle à s'éloigner de la politique de la peur qui ne fera, selon lui, «qu'accentuer la détermination des voix libres quant à la poursuite de leur combat en vue de rendre la parole au peuple algérien».