Après une nuit d'enfer où des affrontements entre Chaâmbis et forces de l'ordre ont duré jusqu'à hier, à l'aube, dans le quartier de Mermed, à Ghardaïa, une trêve a été observée pendant la journée, le temps d'enterrer les trois défunts. Un impressionnant dispositif sécuritaire appuyé par des hélicoptères qui survolaient la ville, a été mis en place, en prévision d'un retour à la violence après les funérailles. Mehdi Mehenni - Alger (Le Soir) La donne a totalement changé à Ghardaïa. Le conflit intercommunautaire entre Chaâmbis et Mozabites a dangereusement glissé vers un affrontement avec les forces de l'ordre. En clair, un conflit avec un corps de sécurité : la police. Le quartier de Mermed, d'où sont originaires les trois Chaâmbis décédés samedi, le 15 mars dans la région de Hadj Messaoud, un peu loin de chez eux, s'est révolté contre les forces de l'ordre dans la nuit de dimanche à lundi. Les affrontements qui ont éclaté l'avant-veille, vers 19h, n'ont pris fin qu'hier à 4h du matin. Une véritable nuit d'enfer. Pendant la journée, une trêve a été observée, le temps d'enterrer les trois défunts chaâmbis. Mais la tension était toujours de mise, et un dispositif sécuritaire impressionnant quadrillait la ville. Des hélicoptères survolaient la région de Ghardaïa, tout au long de la journée, en prévision d'un éventuel retour à la violence. A 18h, les cercueils des trois victimes n'avaient pas encore quitté la mosquée de la ville, où la «prière du défunt» se déroulait. Des sources locales ont affirmé que l'ambiance était à «l'alerte rouge», vu le nombre impressionnant de Chaâmbis venus par centaines accompagner les défunts à leur dernière demeure. Surtout après que le procureur de la République près le tribunal de Ghardaïa eut rendu publique l'autopsie effectuée par les services de la médecine légale de l'hôpital Tirichine, et selon laquelle «il s'agit de décès consécutifs à des lésions causées par la pénétration d'agents ferreux (fer rond) projetés à haute vitesse». La rumeur colportée jusque-là, faisant état d'un triple assassinat par balles réelles, vient ainsi d'être démentie par une expertise de médecine légale qui soutient que l'autopsie a permis «l' extraction (des corps des victimes, ndlr), de morceaux de fer rond contondants, qui seront soumis à une expertise technique du corps de la police scientifique». En début de soirée, l'enterrement n'était toujours pas achevé et une éventuelle autre nuit de heurts était à craindre.