Les services de sécurité semblent avoir perdu tout contrôle sur la ville de Ghardaïa. Des Arabes de la tribu des M'dabih, en attaquant hier vers midi, un institut d'enseignement mozabite, ont mis fin aux jours d'un jeune étudiant qui tentait de défendre l'établissement. Mehdi Mehenni - Alger (Le Soir) Tout a commencé mardi 4 février, après le rassemblement des arabes de la tribu des M'dabih, devant le tribunal de Ghardaïa. N'ayant pas obtenu la libération de leurs détenus qui comparaissaient devant la chambre d'accusation, ils ont incendié, sur le chemin du retour vers la commune Daya, un véhicule et une motocyclette à hauteur du quartier mozabite Aïn Loubou. Il était 16h, et les affrontements entre les deux communautés ont gagné en un laps de temps d'autres quartiers, à l'exemple de Ba Aïssa Oualmane, Chick Babaoueldjema et Mermed, à la périphérie du centre-ville. Il est à signaler que dans certains quartiers, les Chaâmbis se sont joints aux M'dabih pour faire équipe contre les Mozabites. Ce n'est que vers minuit que la police a pu faire revenir le calme dans la ville. Hier, vers 7h du matin, les affrontements entre les deux communautés ont repris d'une manière encore plus violente. A midi, alors que la terreur atteignait son summum à Ghardaïa, sous le «regard impuissant de la police», affirment des sources locales, des Arabes de la tribu des M'dabih, ont attaqué l'institut d'enseignement mozabite, Ami Saïd, situé dans le quartier Babaouldjema. Ils voulaient l'incendier. Un jeune étudiant en deuxième année, Babaousmaïl Abdelaziz, 22 ans, qui a tenté de leur faire barrière, a rendu l'âme après plusieurs coups portés au niveau du crâne. Des dizaines d'autres blessés, sont à comptabiliser des deux côtés. Certains sont, à l'heure où nous mettons sous presse, entre la vie et la mort. Hamou Mesbah, notable mozabite et fédéral du FFS à Ghardaïa, pointe du doigt «les autorités locales, à leur tête le wali, qui n'ont pas réussi à établir un plan de sécurité de la ville». En réaffirmant que «la police a failli dans sa mission de protéger les citoyens», il appelle à «une intervention urgente de la Gendarmerie nationale, qui n'a pas encore les prérogatives d'opérer en zone intra-muros». Mais ce qui semble le plus évident à ses yeux : «Les autorités locales se sont avérées impuissantes.» Pour rappel, Babaousmaïl Abdelaziz est la troisième victime mozabite depuis le début des affrontements intercommunautaires à Ghardaïa.