La Maison des images vient après Sais-tu si les chemins d'épines mènent au paradis ?, le premier roman de Leïla Nekkache. Les personnages de ce deuxième roman de l'auteure algéroise sont comme des témoins d'un siècle et de temps révolus. «Le plateau Saulière faisait partie de la commune de Mustapha. A peine 5 ans après la colonisation, en 1835, cette circonscription, classée municipalité, «riche» attisait les convoitises des autres districts. Elle devient indépendante grâce aux ressources financières qu'elle engageait et par décision du gouvernement de l'époque» (page 13). Les hauteurs de Mustapha à Alger étaient très convoitées à l'époque. «Les hauteurs de Mustapha avaient été sciemment choisies par la communauté anglaise ayant délaissé le village de Saint-Eugène. La coquette agglomération en bordure de mer, envahie peu à peu par les familles italiennes exubérantes, perdit de son charme aux yeux des Britanniques conservateurs qui lui trouvaient une similitude avec le côté sud de l'Angleterre. La sérénité champêtre des coteaux de Mustapha supérieur, les villas blanches à la végétation méditerranéenne et foisonnante et la compagne avoisinante enchantaient les sujets de Sa Majesté. Cependant, ces derniers se démarquaient de la population française en vivant en vase clos, entre parties de tennis, promenades à cheval, visites et services religieux» (P.P, 99-100). Un siècle s'achève et un autre commence. «Une ère nouvelle pour l'Europe des grandes puissances où dominent la France de la belle époque et les grands empires coloniaux dont elle est membre.» Alger a changé et s'est agrandie. «Elle abrite une population de plus de 100 000 âmes entre musulmans, juifs et communauté européenne. Outre le mépris raciste et flagrant affiché à l'encontre des droits des Algériens soumis à une politique discriminatoire, le siècle nouveau voit également ressurgir la fièvre anti- juive. Le mouvement raciste prit forme à Oran. Il s'étendra très vite aux autres villes d'Algérie et gagnera Alger, donnant lieu à des exactions contre la communauté juive d'origine algérienne écartée, également, des progrès économiques et sociaux au profit d'une population de colons européens». Fadhma décida de devenir couturière en prenant des leçons de coupe auprès de Maria l'Espagnole. Elle demande l'aide des Anglaises Mary et Béatrix. «A la veille de la Grande Guerre 14-18, la population européenne, imbue de sa supériorité, révéla les limites de son éducation chrétienne. Cette communauté, retranchée dans ses idéaux racistes, suscite l'anathème contre les sœurs Russel et leur entreprise auprès de Maria pour accepter une apprentie algérienne. Fort heureusement, les menaces du conflit militaire avec l'Allemagne firent oublier très vite le blâme ridicule contre ces demoiselles anglaises. L'urgence était à l'écoute à cette guerre aux portes de la France en cette année 1914.» Aziza, une autre héroïne de La Maison des images, avait découvert le sens de la sagesse chinoise qui dit que tout être humain possède deux lieux de naissance. Aziza sait aussi que l'arbre de vie de Saâdia, la matriarche, n'avait pas porté de fruits amers. Leïla Nekkache, journaliste, signait ses articles sous le nom de Leïla Nekachtali. Elle est l'auteure des nouvelles Les Oies sauvages et d'un recueil de poèmes Petit brin d'herbe, ciel espoir paru chez l'Enal. Son premier roman intitulé Sais-tu si les chemins d'épines mènent au paradis ?, a été publié aux éditions Enag. La Maison des images, est paru aux éditions Rafar dans le cadre du Fonds national pour le développement des arts et des lettres du ministère de la Culture. Kader B. Roman La Maison des images de Leïla Nekkache, édition Rafar, 167 pages, année 2014.