J-1 avant une élection pas comme les autres. Alger retenait hier son souffle. L'issue de la «consultation» politique était sur toutes les lèvres, alimentée par des rumeurs sur d'éventuels troubles. Dans les principaux axes, la présence policière était plus importante que d'ordinaire. Nawal Imès - Alger (Le Soir) Veille de vote très particulière. La capitale vivait hier au rythme des informations sur le déroulement des élections. Dans l'expectative, les Algérois vaquaient hier à leurs occupations en étant totalement préoccupés par les conditions dans lesquelles vont se dérouler les présidentielles. Signe d'une tension palpable, une présence policière des plus remarquées. Au niveau des grands axes, les brigades anti-émeutes ont pris position depuis hier. Un plan visant à sécuriser la capitale a été élaboré. 244 000 hommes ont été mobilisés pour sécuriser les centres et les bureaux de vote, les espaces et édifices publics. Différents moyens, dont la télésurveillance et l'unité aérienne, seront mobilisés par la DGSN pour cette mission. Du côté de la Gendarmerie nationale, 100 000 éléments seront également mobilisés pour la sécurisation du scrutin. Une présence sécuritaire qui paradoxalement ne rassure pas les Algérois rencontrés hier puisqu'ils y voient un risque de dérapage certain à l'issue du scrutin. Sur toutes les bouches hier, un seul vœu : celui de voir cette échéance passer sans heurts ni violences. Les plus sceptiques se préparent déjà au pire. Depuis quelques jours déjà, les rumeurs les plus folles circulent sur un embrasement et une flambée de violence. Conséquence directe : les Algérois ont retrouvé leurs vieux réflexes de survie. Ils écument les marchés et les supermarchés pour faire le plein de provisions. Ils se préparent au pire : des affrontements qui dureraient plusieurs jours, des pénuries, un scénario catastrophe qu'ils redoutent. Au niveau du marché de Belcourt, ménagères et pères de famille se pressaient d'acheter en grande quantité les produits de première nécessité. Tous les appels à la raison, les communiqués émanant du ministère du Commerce rassurant sur la disponibilité des denrées alimentaires n'ont aucun effet et ne mettent pas un terme à des comportements irrationnels. Les stations-service sont elles aussi prises d'assaut. Les automobilistes craignant une pénurie de carburant y accourent pour faire le plein. Une atmosphère faite d'attente et d'angoisse qui aura caractérisé cette veille d'élection. Alger n'aura cependant rien perdu de son agitation. Les Algérois étaient toujours aussi nombreux à être sur les routes. Certains ont profité du congé spécial octroyé aux élèves pour prendre la route et quitter Alger, son agitation et son oppressante angoisse...