La force de l'économie d'un pays se forge à partir de ses petites et moyennes entreprises. L'agroalimentaire étant un segment particulièrement sensible pour les pays émergents, soumis au diktat de l'import-import, quelques sociétés algériennes ont osé l'aventure en se lançant dans une de ses activités porteuses sous certaines conditions en rapport avec l'adaptation du producteur avec les nouvelles technologies, aux qualités managériales du personnel et à sa stratégie de pénétration dans le marché national, de plus en plus exigeant en termes de qualité, et international, davantage inflexible sur le sujet. C'est cet objectif que la société GM Trade (groupe Mazouz), importateur de véhicules de tourisme et d'engins industriels, s'est fixé en reprenant, en 2012, l'intégralité des activités productives de l'ex- Enajuc de Batna, labellisée sous la marque mondialement connue de N'Gaous. Une reprise que le patron du groupe, Ahmed Mazouz, a inscrit dans sa stratégie de développement et du groupe et de l'industrie des boissons et jus en Algérie. Avec, comme objectif avoué : devenir leader d'un marché national très difficile à conquérir du fait de la présence de nombreux concurrents, nationaux et étrangers, mais également à cause du choix variable et plutôt «délicat» des consommateurs «bons dégustateurs de nouveaux produits mais difficiles à fidéliser», comme en témoignent nombre d'observateurs. Une fidélisation recherchée par la majorié des industriels de la filiale boissons et jus mais qui ne semble, paradoxalement, pas être une obsession pour les responsables du GM Trade tellement les produits N'Gaous bénéficient d'une certaine avance. La marque lancée sous feu Houari Boumediène a fait la fierté des Chaouias et de toute l'Algérie, même s'il faut rappeler que les produits de cette marque n'étaient pas variés (exclusivement du jus d'abricot en bouteille) et commercialisés dans la seule région de l'est du pays. Aujourd'hui, les boissons N'Gaous sont variées (plus de 44 produits et parfums), et sont commercialisées sous différents formats et, cerise sur le gâteau pour ses propriétaires, garnissent les tables des ménagères, salons de thé, compagnies aériennes et grandes enseignes fast-food d'ici et d'ailleurs. Le groupe Mazouz a, pour ce faire, eu recours à des équipements ultramodernes, de haute technologie et une stratégie commerciale percutante devant, à court terme, permettre la mise en place d'un réseau national de distribution et une disponibilité sans faille des produits N'Gaous. Outre une couverture nationale assurée à 100%, le groupe exporte en direction d'une quinzaine de pays répartis sur quatre continents (Afrique, Asie, Europe et les Amériques). Une performance qui aura été réalisable grâce aux efforts d'investissement consentis par GM Trade aussi bien dans l'outil de production que dans celui du marketing. Le marché international, connu pour être inaccessible pour les produits made in Algeria, a fini par céder sous le charme de la large gamme produite à N'Gaous (jus, eaux fruitées, confitures...) consolidée, faut-il le souligner, par un nouveau mode de packaging en PET, cannettes et sacs aseptisés. Innovant mais aussi concurrentiel à souhait, le produit N'Gaous a réussi à séduire sa clientèle, consommateurs algériens et étrangers, non sans recevoir les éloges des autorités publiques algériennes. Au cours d'une récente visite guidée dans les usines de ce groupe privé, le ministre de l'Agriculture, Abdelouahab Nouri, s'est dit subjugué autant par les technologies avancées employées dans la fabrication des produits N'Gaous que par leur qualité dont «les normes n'ont rien à envier» aux grandes enseignes internationales. Devant ses hôtes qui passaient en revue les différentes étapes de fabrication des boissons N'Gaous, M. Nouri aura cette phrase qui en dit long sur son émerveillement : «C'est un exemple de privatisation réussie en Algérie», a-t-il lâché subjugué qu'il était «par cet acquis pour l'économie nationale».Il est vrai que la conserverie de N'Gaous, qui assure quotidiennement la transformation de 800 tonnes d'abricots et de pommes, met du baume au cœur à un secteur pas trop complexe. En ce sens que la fabrication du produit fini dépend, en grande partie, de la filière agricole. Aussi, GM Trade compte renforcer ses capacités et diversifier ses produits grâce à un plan de modernisation et l'acquisition de nouveaux équipements. L'investissement consenti (5 milliards de dinars) et le plan de développement arrêté par les cadres de l'entreprise autorisent la concrétisation de l'objectif tracé au lendemain de la reprise de la conserverie de l'ex-Enajuc : le leadership de cette filiale de GM Trade avant le second semestre de l'an 2015. M. B. AHMED MAZOUZ (PDG DU GM TRADE) : «Devenir le leader d'ici 2015» Le PDG de GM Trade, M. Ahmed Mazouz, dégage une assurance sans faille quant à la réalisation de son objectif de décrocher, grâce aux produits N'Gaous, le leadership sur le marché national des boissons et jus mais surtout d'ouvrir de nouvelles destinations à la gamme développée par cette conserverie qui, quelques années plus tôt, agonisait sous le poids des dettes menaçant de faire faillite et envoyer ses dizaines de travailleurs au chômage. Le Soir d'Algérie : M. Mazouz, votre groupe a repris il y a deux ans les conserveries N'Gaous dans un état de pré-faillite. Aujourd'hui, il semble bien que le plan de redressement que vous avez élaboré commence à porter ses fruits. Ahmed Mazouz : C'est un défi qu'il fallait relever. Economiquement parlant, nous nous devions de redresser la barre par l'injection de nouveaux investissements. Aussi, depuis la reprise de la conserverie N'Gaous, en 2012, nous avons consenti un investissement de 5 milliards de dinars. Ce qui n'est pas rien quand on connaît la difficulté d'investir dans un créneau à risques, connaissant la rude concurrence, nationale et internationale, en la matière et les difficultés liées à la canalisation et la stabilisation de la production des matières premières chez nous. Je pense que, depuis deux ans, nous sommes sur le bon chemin et nous pouvons dire que nous avons réussi à surmonter pas mal de difficultés grâce à l'investissement financier consenti mais également — je dois le souligner — à la volonté des travailleurs de la conserverie qui adhèrent à notre stratégie et à l'objectif de devenir leader de la filiale boissons et jus d'ici 2015. Justement, M. Mazouz, quel était votre plan de sauvetage pour une entreprise qui allait droit vers la faillite menaçant de disparition de centaines d'emplois ? Outre l'argent colossal qu'il fallait injecter, il nous fallait miser sur le facteur humain, le personnel devant assurer une reprise rapide et durable. Aussi, nous avons créé 450 emplois et nous escomptons en créer 400 autres dans les plus brefs délais. Nous attendons, pour ce faire, que notre partenaire allemand termine la mise en place des lignes de montage ultramodernes. A terme, nous envisageons d'atteindre les 1 300 emplois. Désormais, les produits N'Gaous sont accessibles partout en Algérie et à des prix abordables. Quel en est le secret ? Nous couvrons les 48 wilayas et nous sommes dans quatre continents. Nous commercialisons nos produits en Afrique (Libye, Tunisie et envisageons de nous lancer au Sénégal et au Soudan), en Europe (Belgique, France, Angleterre et Allemagne), aux Amériques (aux Etats-Unis, nous sommes le seul produit alimentaire algérien à être agréé par les services de commerce) et en Asie (Dubaï, Indonésie, Malaisie, Chine et bientôt en Arabie Saoudite). Notre force, et ce n'est pas un secret, c'est que, d'abord, le produit est naturel. La matière première l'est et nous sommes concurrentiels par rapport au prix et à la qualité. A titre d'exemple, en France, nous rivalisons avec les produits de la gamme Oasis. Cela nous réconforte même si nous admettons que le plus dur reste à faire. Parlons de l'avenir immédiat de la conserverie N'Gaous. On annonce l'ouverture prochaine d'une unité de fabrication en France et d'un centre de transformation à N'Gaous. Effectivement. Nous allons lancer dans un mois la production de notre gamme de boissons et jus en France. L'unité pourrait commencer la production des produits N'Gaous dès le mois de juin. Par ailleurs, nous ouvrirons un centre de transformation des matières premières d'abricot et de pomme d'une capacité de 800 000 tonnes/jour implanté à N'Gaous. On compte exporter 50% de ces matières. Sur un plan commercial, vous comptez également lancer de nouveaux produits durant cet été ? C'était une promesse faite l'année dernière, en effet. Nous avons un nouvel emballage avec des bouteilles à bouchon, le N'Gaous Kids dédié aux enfants et d'autres gammes en PET et en consignés. Comme tout produit de large consommation, la gamme N'Gaous dispose de ses produits phares. A votre avis, quels en sont les plus prisés par les consommateurs algériens et étrangers ? Pour moi, ils le sont tous. Nous avons plus de 46 produits et ils sont tous de même qualité et font partie des recettes les plus prisées par les consommateurs. Nous avons annoncé, l'an dernier, le lancement des boissons lactées. Eh bien, nous tenons notre promesse avec la sortie des produits lactés fraise et abricot en attendant d'autres parfums. Je dois dire que le fait que nos produits soient 100% naturels, sans colorants ni agents conservateurs, les rendent plus attrayants, plus demandés. L'été arrive et le Ramadhan avec. Comme chaque année, et à l'instar de nombre de vos concurrents, vous avez votre propre stratégie de marketing. Nous continuons à offrir le meilleur pour notre clientèle. A l'occasion du Ramadhan, où nous lancerons de nouveaux produits, celle-ci découvrira notre tombola. Un grand jeu où les lauréats auront une des 365 omras. Je précise que le tombola commencera pendant le Ramadhan et s'étalera sur toute l'année. Je souhaite bonne chance aux participants et bonne dégustation de nos produits.