Il est des positions et des alignements politiques desquels on n'en revient pas indemne, à plus forte raison lorsqu'ils malmènent rudement charte, statut et vocation. Le président du Forum des chefs d'entreprises (FCE), Réda Hamiani, essuie la violence de l'effet boomerang produit par l'alignement de son organisation derrière la candidature de Bouteflika, se rend à un mea-culpa tardif et jure de ne pas recommencer. Sofiane Aït Iflis - Alger (Le Soir) - Dans un entretien au journal électronique TSA, le président de l'organisation patronale FCE revient sur le soutien, le troisième du genre, apporté par le Forum au 4e mandat du Président Bouteflika. Il en parle comme quelqu'un qui en ressent les contrecoups et s'en exaspère, quoiqu'il, comme pour ne pas devoir écraser une larme, s'efforce à répéter qu'il ne regrette pas son acte. Mais il prend conscience, un peu tardivement, il faut le dire, qu'à trop forcer sur la corde elle finit par se casser. Le soutien, au forceps, à la candidature de Bouteflika n'aura pas été en effet sans conséquences sur le Forum des chefs d'entreprises (FCE). L'un de ses membres influents, Slim Othmani, a été tellement outré par l'affairement de Réda Hamiani, tout ardent de désir à poster le soutien du FCE à Bouteflika, qu'il claqua avec fracas la porte de l'organisation. Un divorce irrémédiable devant une opinion publique prise à témoin. Une démission qui, même si elle a tardé à faire des émules parmi les patrons affiliés à l'organisation, ne s'en est pas moins ressentie comme une profonde fissure au sein du FCE. Réda Hamiani semble en avoir pris acte. «Je ne peux pas prendre seul la décision, mais je ferai en sorte que le FCE ne soit plus otage d'un alignement politique quelconque. En tant qu'association patronale, nous n'avons pas à nous positionner par rapport à une consultation électorale quelle qu'en soit la nature et quel que soit le candidat. Il y a un consensus là-dessus. Nous allons attendre un peu et nous entérinerons définitivement ce principe lors d'une AG. Nous ne sommes pas à l'aise dans ce genre de questions », livre-t-il d'une traite dans l'entretien accordé à TSA. Sans faire exprès, peut-être, le patron des patrons donne raison à Slim Othmani qui avait eu la sage clairvoyance et le courage de dire que le FCE, composé de sensibilités diverses, n'avait pas à s'impliquer dans le jeu électoral. Mieux que cela encore, en évoquant le principe de neutralité à entériner désormais, Réda Hamiani fait l'aveu, incidemment, aussi, de ce que ce même principe a été bafoué trois fois de suite, en 2004, 2009 et 2014. Réda Hamiani aura apparu dans la stature de quelqu'un qui a persisté dans l'erreur, en dépit des alarmes que nombre des adhérents au FCE ont fait retentir à chaque fois. Avant Slim Othmani, un autre membre du FCE, le patron de Cevital, en l'occurrence, avait marqué sa démarcation de la démarche de l'organisation. Réda Hamiani aurait-il été victime de pressions venues d'en haut et face auxquelles il s'est retrouvé obligé de céder ? Il y a tout lieu de le penser, d'autant que le soutien à Bouteflika s'était accompagné d'une quête parmi les membres du FCE pour contribuer à l'effort (financier) de campagne électorale de Bouteflika. En décidant de ne plus mettre le FCE dans les marécages politiques, le président du FCE serait-il convaincu que les pressions qui ont prévalu jusqu'ici ne seront plus de mise à l'avenir, c'est-à-dire que Bouteflika, avec son 4e mandat, consomme son ultime mandat ?