Par Kader Bakou Quel avenir pour la langue française en Algérie ? Des indices laissent croire qu'elle est en net recul. Le français, en Algérie, perd du terrain par rapport à l'arabe, à l'anglais et même à l'inattendu italien, devenu, on ne sait trop pourquoi, la langue des supporters de la majorité des clubs de football en Algérie. Il n'y a pas longtemps, les gens avaient «honte» de lire un journal arabophone en public. Le tirage d'El Moudjahid (au temps du parti unique) était le double des trois quotidiens en langue arabe El Chaâb, El Nasr et El Djoumhouria réunis. Aujourd'hui, ce sont les journaux en langue arabe qui ont le plus gros tirage. Beaucoup avaient considéré la généralisation des antennes paraboliques (au début des années 1990) comme une «défaite des intégristes et des baâthistes» et, donc, une «victoire » du courant pro-occidental en Algérie. Aujourd'hui, pratiquement tous les foyers algériens sont branchés sur les chaînes TV arabes. Ce choix, dit-on, est motivé par le fait que les chaînes françaises sont «trop vulgaires» et, de ce fait, impossible de les voir en famille. Dans le domaine artistique, un milieu très ouvert sur la culture occidentale, l'anglais est en train de s'imposer comme la langue «number one». Le plus étrange, c'est que, apparemment, la France officielle et officieuse ne fait rien pour défendre la langue et la culture françaises dans les pays où elle a encore une certaine influence (culturelle). Concernant le cas algérien, ils sont, apparemment, trop occupés à vouloir nous caser définitivement dans le fameux «monde arabe» et ses inextricables problèmes. La langue française survivra peut-être chez une «élite». Sa probable disparition en Algérie signifiera la fermeture d'une fenêtre sur les autres langues latines et la disparition d'une certaine culture et d'un art de vivre qu'on pourrait considérer comme un précieux «butin de paix». K. B.